Avec le confinement, les violences intrafamiliales ont augmenté de 20 à 30 %. Des brigades de protection des familles sont mises sur pied par la police et la gendarmerie pour accompagner, écouter et soutenir les victimes. Exemple en Ille-et-Vilaine.
"On m'a tendu la main, j'ai su l'attraper pour une fois. Et je ne vais pas la lâcher". Cette main, c'est celle de la Brigade de protection des familles (BPF) créée au sein de la gendarmerie d'Ille-et-Vilaine en mars dernier.
Pour Florence, qui a subi pendant huit ans les violences physiques et verbales de son conjoint, l'écoute et la compréhension de ces gendarmes spécialement formés l'ont aidée à franchir le pas et porter plainte.
"Créer un lien de confiance"
"Je ne me suis jamais sentie jugée, confie Florence. J'ai été comprise, écoutée et entendue. C'est important qu'une brigade comme ça existe, et que l'on soit au courant qu'elle existe aussi".
Les gendarmes territoriaux étaient intervenus en urgence au domicile du couple. Une semaine après cette intervention, la BPF a repris contact avec Florence. "On n'appelle pas dès le lendemain de l'intervention, explique Florence Lévy, l'une des gendarmes de la BPF. On sait que, parfois, une plainte peut être déposée entre temps ou que la victime a pu aussi se tourner vers des associations, un psy, les services sociaux. Bien souvent, elle n'a pas forcément envie de parler tout de suite, ne serait-ce que parce qu'elle se sent coupable de ce qui lui arrive".
"Nous faisons tout pour que ces personnes puissent s'exprimer et être reconnues comme victimes, souligne Patrick Pichavant, commandant de brigade adjoint de la BPF. Nous créons un lien de confiance avec elles. Nous travaillons en relation étroite avec les associations d'aide aux victimes, les médecins, etc".
Il faut d'abord écouter pour comprendre les victimes. Et c'est notre travail au quotidien de le faire - Florence Lévy, gendarme à la BPF
Pour les gendarmes territoriaux, l'appui de cette brigade de protection des familles est essentielle car elle permet de prendre plus de recul sur la situation, offre plus de temps également pour accompagner les victimes de violences intrafamiliales. "Nous, nous gérons l'urgence, précise l'adjudant-chef Philippe Cocheril. Dès que l'on intervient, et même si la victime n'a aucune volonté de déposer une plainte, on établit un procès-verbal et on la recontacte 48 h après pour savoir si elle reste sur son souhait de ne pas déposer plainte". La BPF prend ensuite le relais. "On se complète" dit encore l'adjudant-chef.
Si le conjoint a un comportement violent au moment de l'intervention en urgence, "il y a une réponse immédiate, évidemment, ajoute Philippe Cocheril. Il est interpellé et placé en garde à vue".
Ces Brigades de protection des familles sont nées du Grenelle contre les violences conjugales à l'automne dernier. Police et gendarmerie se dotent peu à peu de ce dispositif, à raison d'une seule brigade par département.
En Bretagne, la BPF d'Ille-et-Vilaine est composée de six gendarmes, pour la plupart issus de la brigade de prévention de la délinquance juvénile. Une seconde brigade est en cours de création dans le Morbihan.