La cour d'assises de la Loire-Atlantique a commencé à juger ce jeudi 14 septembre 2023 Tony Meilhon pour une "récidive de viol" sur une de ses ex-compagnes, qui avait porté plainte contre lui deux semaines avant qu'il ne tue et démembre le corps de la jeune Laëtitia Perrais près de Pornic (Loire-Atlantique).
La cour d'assises d'appel d'Ille-et-Vilaine avait condamné en octobre 2015 Tony Meilhon, multirécidiviste, à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans, mais sans rétention de sûreté.
Ce procès ne devrait donc pas fondamentalement changer la situation carcérale de cet homme âgé aujourd'hui de 44 ans, qui admet avoir commis des violences sur Céline X, mais réfute toujours tout viol : il répète qu'il n'est "pas un pointeur" [un violeur, dans le jargon pénitentiaire, ndlr], la catégorie de détenus tout en bas de la hiérarchie pénitentiaire.
D'ailleurs, il "fait des misères" à ces détenus "de la pire race" ; il dit d'ailleurs n'avoir jamais violé le co-détenu, qui assure qu'il lui a enfoncé un manche à balai dans l'anus. "Vous êtes venus me harceler pour rien, pour une affaire qui ne tient pas la route... J'ai fait quatre ans de prison pour rien", a-t-il dit à propos de sa précédente condamnation par la cour d'assises des mineurs.
Le fait que je me refuse a lui l'excitait encore plus
Cécile, une ex-compagne
Céline X avait, elle, connu Tony Meilhon en février 2010 par le biais de sa voisine, qui était la belle-sœur de celui-ci : elle et son mari Ludovic Meilhon hébergeaient l'accusé depuis sa récente sortie de prison.
Mais le couple l'avait mis à la porte "pour une histoire d'argent", ce qui avait poussé l'accusé à s'installer chez leur voisine du dessous : comme elle, il aimait regarder des films, écouter du reggae et "fumer du shit".
Au bout de trois mois, la jeune femme - dont l'ancien compagnon était lui-même incarcéré pour des violences conjugales - avait subi ses violences : suite au décès d'un ami d'enfance, Tony Meilhon avait commencé à "consommer régulièrement de l'alcool, de l'héroïne et de la cocaïne", à lui donner des coups à la poitrin" ou encore à la menacer d'un couteau.
Dans ce contexte, après plusieurs ruptures avortées, elle s'était couchée habillée lors du réveillon de Noël, le 24 décembre 2010, ce qui avait conduit Tony Meilhon à lui "demander des explications" puis à lui "donner un coup de genou derrière la cuisse".
"Il m'avait dit que le fait que je me refuse à lui l'excitait encore plus", dira-t-elle plus tard aux enquêteurs après le meurtre de Laëtitia. Il lui avait finalement "retiré son bas de jogging et sa culotte" et lui imposera une première relation.
"Je savais qu'un malheur allait arriver"
"Humiliée", "prostrée" et "souillée", cette jeune femme "fragile" avait alors pleuré mais "pas crié" pour ne pas réveiller son fils de 4 ans qui dormait dans la chambre d'à côté. Une seconde relation imposée aura lieu le 26 décembre 2010.
"Je savais qu'un malheur allait arriver, à moi ou aux autres", a-t-elle dit ce jeudi en visio-conférence. "Moi je n'ai jamais oublié, mais l'affaire Laëtitia était tellement plus grave... Même si c'est dur ce que j'ai vécu, j'ai relativisé : son histoire à elle a primé", a soufflé la plaignante à propos du retard pris par la justice pour traiter son propre dossier. L'avocat général lui a d'ailleurs publiquement présenté ses excuses pour cette affaire qui "aurait dû être instruite plus rapidement".
Devant les enquêteurs, cet homme déjà condamné dix-sept fois en vingt ans avait traité la plaignante de menteuse et de mythomane : le soir du réveillon de Noël, il avait en effet dormi dans sa voiture et se souvenait d'ailleurs avoir vu un hélicoptère dans le ciel. Mais les investigations ont permis d'exclure tout survol d'un tel aéronef cette nuit-là.
Ce jeudi 14 septembre 2023, soit treize ans après les faits, Tony Meilhon a de nouveau contesté les "accusations mensongères" de cette ancienne téléprospectrice, qui vit désormais à Fougères (Ille-et-Vilaine).
Pour deux baffes je vais prendre perpète
La présidente de la cour d'assises de la Loire-Atlantique, pour sa part, a répété qu'elle n'avait pas l'intention de refaire le procès d'autres affaires qui viendrait polluer les débats relatifs au viol de son ex-compagne, sans citer Laëtitia.
L'éphémère légionnaire s'est ainsi montré poli au cours de ses premières heures de procès, lui demandant pardon quand il lui coupait la parole. Il a aussi remercié la famille d'accueil de son fils, un bébé-parloir né d'une relation sexuelle au parloir avec une précédente compagne et prénommé lui aussi Tony : il est devenu un jeune homme stable grâce à elle.
Il a aussi glissé au cours des débats avoir purgé une précédente peine de prison "avec Loïc Sécher", un ouvrier agricole qui avait été condamné à tort en 2003 par la même cour d'assises de la Loire-Atlantique pour "viol" avant d'être innocenté.
"La justice n'est pas parfaite, personne ne l'est, mais vous faites des erreurs et vous avez du mal à les reconnaître... Je ne dis pas ça pour vous personnellement, madame la présidente", a dit celui est actuellement incarcéré à la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin), près de Mulhouse. "Preuve ou pas preuve, vous allez me condamner c’est sûr... J’ai aucun espoir de m’en sortir", a aussi dit Tony Meilhon à propos de ce nouveau procès. "Pour deux baffes, je vais prendre perpét’."
La plaidoirie de l'avocate de la partie civile, les réquisitions de l'avocat général et la plaidoirie de l'avocat de la défense Me Aurélien Ferrand sont attendues ce vendredi, tout comme le verdict.
GF/PressPepper