"L'aventure, c'est prendre le temps de la rencontre". Comment voyager autrement, en cargo, à pied, à vélo, dans un monastère, dans des maisons d'écrivains

Loin du tourisme organisé, des séjours de courte durée, certains font le choix de vivre autrement le voyage. Quel que soit le mode de transport ou la destination, il s'agit de faire une pause, de s'offrir la chance de découvertes authentiques, d'échanges et de partages, de voir la planète en prenant le temps. Car entre un tour du monde ou une retraite dans un monastère, la quête est la même : changer de rythme pour donner un vrai sens à sa vie.

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Voyager autrement, par ses propres moyens, c'est abandonner sa peur de l'inconnu, ses préjugés, mettre de côté son travail et son quotidien pour favoriser les rencontres et les découvertes. Didier Jehanno, président de l'association "Aventure du Bout du Monde" à Morlaix, en a fait l'expérience. En 1987, il part au Tibet, juste avant que le pays ne se ferme sous la coupe du gouvernement chinois, après la révolte des moines bouddhistes face à la répression.

Partir à pied, dormir chez l'habitant

"C'était une aventure unique, car désormais, pour éviter tout lien avec la population, seules les agences officielles locales sont habilitées à organiser des voyages sur place. Didier partage désormais ses expériences de voyage. "Je conseille de partir à pied, de favoriser l'hébergement chez l'habitant, de prendre les transports en commun locaux. Voyager lentement, au gré des rencontres, sans programme trop établi, c'est possible, pas forcément onéreux ni dangereux, si on est réceptif aux coutumes et aux habitants. Il faut sortir de sa zone de confort pour se laisser surprendre". 

Voyager sans se presser, c'est laisser ses sens se balader. Il y a des regards, des rencontres, des odeurs, des images. On devient ouvert à ce qui nous entoure. Ce sont des moments de richesse et d'épanouissement.

Didier Jehanno

Président "Association Aventure du bout du monde" de Morlaix

Le 3 février prochain, il organise le festival des Globe-trotters à Morlaix.   Au programme : films et rencontres avec des voyageurs au long cours. Parmi les invitées, Perrine Ruffin et Charlotte Leuvrard.

Deux femmes à la rencontre des femmes

Sac à dos, équipées d'une caméra, ces deux femmes ont parcouru neuf pays et trois continents en 2019, des Philippines, en passant par l'Argentine et la Polynésie française. Envie de larguer les amarres. Il faudra un an pour monter le projet et économiser le budget. Leur périple : un tour du monde à la rencontre des femmes remarquables, avec à l'arrivée un documentaire baptisé "Fragments d'elles" "En tant que femmes, nous n'avons jamais rencontré de problèmes, on a juste respecté les usages et les religions", précise Perrine.

Les aventurières rencontreront de nombreuses femmes, à la recherche de personnages inspirants, modèles pour leur communauté, indépendantes et insoumises. Aux Philippines, elles entendent parler de l'île de Siquijor, où résident des femmes chamanes. Elles finissent par être conduites par un habitant sur son scooter auprès d'Annie, une sorcière guérisseuse.

Elles assisteront à l'une de ses séances et comprendront l'importance de son rôle pour la population. En Argentine, à Buenos Aires, un graff aperçu sur un mur permet de retrouver Aymara via Instagram. La jeune artiste invite les voyageuses à un festival de street art. Dans un pays où la place des femmes est encore à la cuisine, Aymara fait partie de celles qui luttent à travers leur expression contre une société patriarcale. De ce périple, Perrine et Charlotte rapporteront neuf portraits hors du commun.

Un instrument pour tout bagage

En voyage, la musique est un vecteur de communication privilégié pour amorcer le dialogue, au-delà de la barrière des langues. Partez avec votre guitare, votre harmonica, votre ukulélé, une flûte, tout de suite, le lien s'établit. La Briochine Marieke Huysmans-Berthou a fait de son piano un ambassadeur.

Toute jeune, elle faisait de la musique dans la rue. Elle a toujours été un peu nomade et amoureuse de la mer. Vient alors l'idée de partir au long cours pour jouer du piano de port en port. Ainsi né le projet Pianocéan. Elle a équipé la cabine arrière de son voilier "Le lady flow", d'un système d'ascenseur qui permet de monter l'instrument sur le pont à chaque escale. C'est alors un moment de grâce le temps d'un concert gratuit. 

Je veux sortir la musique des salles de concert et offrir un moment poétique impromptu sur les quais où j'amarre mon bateau. C'était un rêve de gosse.

Marieke Huysmans-Berthou

aventure "pianocéan"

Le bateau et le rythme des traversées lui permettent d'associer sa passion pour la mer et d'utiliser le rythme du voyage pour composer à bord ses albums. Après la Méditerranée, l'Irlande, l'Écosse, la Norvège, "Le lady flow" est en hivernage aux Açores, avant de repartir en direction de Madère pour une 9ᵉ saison.

Embarquez sur un cargo

Au cœur de la librairie parisienne Ulysse, Catherine Domain organise régulièrement des rencontres. Elle est la fondatrice du Cargo Club. C'est une pionnière. Dans les années 60, elle fait sa première traversée Barcelone/Veracruz sur un porte-container. Un mois pour arrivée à destination. 

"C'est long, c'est coûteux et ça peut paraître ennuyant, mais c'est une expérience singulière".

Catherine Domain

fondatrice du Cargo Club

Un ouvrage publié dans les années 70 sert encore de référence à ce sujet : "Le guide des voyages en cargo", de l'écrivain Hugo Verlomme, qui recèle d'informations pratiques. En général, une dizaine de passagers sont acceptés à bord. Chacun sa cabine et une vie en marge de celle de l'équipage sur ces cargos dont la vocation est de transporter des marchandises dans les ports du monde entier. Caboteurs, vraquiers, rouliers, cargos, peuvent accueillir à bord ces touristes épris de lenteur et d'océan pour une retraite hors du temps.

Grand Nord/Grand large est aujourd'hui la seule agence de voyages spécialisée dans le secteur en France. Elle travaille avec toutes les compagnies d’armateurs. Initialement, près de 200 lignes étaient proposées, mais avec le Covid, seule une dizaine de destinations sont aujourd'hui ouvertes à ce type de traversées, par crainte de bloquer les bateaux à quai, en cas de contamination. 

Beaucoup de passagers embarquent pour écrire, faire de la peinture, s'imprégner des sensations du grand large. C'est un tourisme décalé, où l'on prend le temps de la méditation et de la contemplation.

Alice Formentes

Agence Grand Nord/Grand Large

Difficile de tout prévoir lors d'un voyage en cargo. Les heures et les ports de départ peuvent changer au dernier moment. Place d'abord à la mission de ces bateaux marchands. "On ne peut pas tout prévoir, il faut juste savoir s'occuper et l'aventure commence..."

Sur les pas des écrivains

La littérature est un fil rouge original pour qui veut voyager autrement. Se rendre sur les terres d'écrivains célèbres, muni de leurs ouvrages, c'est un peu rentrer dans leur univers.

Nombreuses maisons de plumes célèbres sont ouvertes au public. Au cœur du Berry, le château de Nohant où vécu Georges Sand, à Port-Marly près de Paris, le domaine de Monte Cristo, folie néo-renaissance construite pour Alexandre Dumas.

Dans le 16ᵉ arrondissement de Paris, l'ancienne maison de Balzac est devenue un musée. De même pour la maison à colombage de Maurice Le Blanc à Étretat ou la maison de Pierre Loti, chargée des souvenirs de voyage de l'écrivain, à Rochefort-sur-Mer en Charente-Maritime.

Jacques Letertre, un amoureux des belles lettres, collectionneur et bibliophile, a créé la société des hôtels littéraires. Une autre manière de voyager en littérature. Six hôtels, installés dans les villes où vécurent des écrivains célèbres, permettent une immersion dans leurs univers. Ainsi le voyageur part sur les pas de Proust dans le Paris de la Belle Époque dans la plaine Monceau, là où naquirent les personnages du roman  "A la recherche du temps perdu", dans le quartier de la Gare de l'Est pour Rimbaud, où il fera sa rencontre avec Verlaine, ou encore dans le Rouen historique de Flaubert. 

On veut donner le goût du livre. Chaque chambre recèle de détails sur les écrivains. À disposition, une bibliothèque de plus de 600 livres, des tableaux, des bustes représentant le fleuron de notre littérature française. On organise concerts et conférences en lien avec les auteurs.

Jacques Letertre

Président de la société des hôtels litteraires

Retraite en monastère pour un voyage intérieur

Dans un cadre spirituel, les retraites en monastère favorisent le voyage intérieur. Croyant ou pas, le silence et le calme des lieux permettent de faire une pause, une excursion pour se mettre l'âme au vert, loin d'un tourisme plus exotique. Stéphane Bataillon, journaliste à la Croix, a été accueilli par les moines de l'Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec, dans le Finistère.

Au cœur de l'hiver, il a d'abord un peu froid dans sa chambre spartiate, mais le corps s'habitue. "Pas d'obligations d'assister aux offices, pas de contraintes à part les heures fixes des repas, la vie prend un rythme différent. On va plus à l'essentiel, abandonnant portable et ordinateur. Les livres deviennent une compagnie comme les lieux alentours proches de la mer", relate-t-il.

C'est un moment où l'on prend le temps de s'écouter. Rien n'est prévu, alors on profite du temps, du recueillement, des offices, du silence des lieux, des moments de promenade, pour se décentrer et se couper de la vie quotidienne.

Stéphane Bataillon

auteur du "journal de ma retraite"

Dans ces monastères, là aussi se font des rencontres. Pas besoin d'aller au bout du monde ! "Les conversations de convenance sont abandonnées. Le lieu incite à des échanges plus authentiques" explique Stéphane Bataillon. 

Tourisme humanitaire, tourisme solidaire ou itinérances sur les chemins de Compostelle ou les chemins cathares offrent également des pistes singulières pour voyager autrement.

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