Les conversions à l'agriculture biologique se développent, mais quand elles concernent le président de la FDSEA 35, cela peut surprendre. Loïc Guines, agriculteur en Ille-et-Vilaine, explique pourtant que s'il y a 50 ans il fallait nourrir la France, aujourd'hui il s'agit de produire autrement.
Les choses se sont faites petit à petit, on pourrait dire presque "naturellement" pour cette évolution vers le bio. Le producteur de lait s'est éloigné des engrais, des produits phytosanitaires, puis peu à peu il a réduit ses surfaces de maïs. Bientôt l'herbe deviendra l'essentiel de la nourriture de ses vaches. Loïc Guines est en train de convertit son exploitation à l'agriculture biologique. Il n'est pas le seul, c'est une véritable tendance, en dix ans, le nombre de fermes bio a été multiplié par trois en Bretagne.
L'héritage d'un modèle productiviste d'après-guerre
"Si vous m'aviez dit ça dans les année 90, j'aurais dit : jamais !" explique le président de la FDSEA 35. Quand il s'est installé avec ses parents, l'objectif était clair, il fallait produire beaucoup de lait, le plus possible ! "C'était l'héritage de la révolution fourragère de l'agriculture d'après-guerre, avec des gens comme Pisani, parce que la France avait faim et il fallait que l'agriculture soit capable de nourrir le peuple français. On avait suivi ce modèle, mais comme tout être humain on est appelé à évoluer et on doit réfléchir. On n'a pas un modèle tracé pour une vie. Ça fait partie de l'évolution du bonhomme..." Loïc Guines sait qu'en se convertissant à l'agriculture biologique, ses vaches donneront moins de lait, mais il sera mieux payé."Le monde et l'agriculture changent"
Il y a 20 ans déjà, pour être plus en harmonie avec la qualité de ses terres, il a orienté l'exploitation vers une production moins intensive. Loic Guines sait que sa décision étonne, que l'on colle à la FNSEA l'image d'une agriculture intensive, mais il refuse d'opposer les modèles. Cette transition, peut toutefois être considérée comme un signal pour montrer que c'est possible d'évoluer. "Le monde et l'agriculture changent, on essaye de changer aussi en restant nous-même" conclut Loic Guines. "Hier, j'étais éleveur. Demain, en bio, je resterai éleveur, c'est l'essentiel !"Le reportage à Saint-Marc-sur-Couesnon (35) de Séverine Breton et Lionel Bonis