4 heures, 13 minutes et 36 secondes pour parcourir les 42 kilomètres du Marathon de Paris. Le temps est honorable, surtout quand on revient de loin. Il y a quatre ans, après une course à pied, Arnaud Fay s’est écroulé. Mort subite. Les médecins ont réussi à le ramener à la vie. En participant à la plus belle des épreuves, il a bouclé la boucle.
"Les jambes ont parfois eu du mal… mais le cœur et la tête jamais." confie Arnaud Fay sur la ligne d'arrivée.
Il a couru les 42 kilomètres du Marathon de Paris en 4 heures et 13 minutes. Une moyenne de 6,01 minutes au kilomètre. "J’étais avec un copain, et on avait un lièvre qui court le marathon en 4h15. On a gardé le rythme tout au long des rues de la capitale. On a été raisonnables, de toutes façons, je n’avais pas le choix, je ne devais pas me mettre dans le rouge "
Mort et ressuscité
Le 8 octobre 2017, sur la ligne d’arrivée de Tout Rennes court, Arnaud Fay, sportif depuis sa plus tendre enfance s’est brutalement écroulé. Son cœur a cessé de battre. Il vient de faire une mort subite.
L’équipe médicale présente sur place réussit à le ranimer, il est transporté au CHU de Rennes et se réveille en Soins intensifs. "Ma grande hantise, c’était de ne plus pouvoir faire de sport", se souvient –il aujourd’hui.
Après quelques longs mois de repos et la pose d’un défibrillateur, Arnaud est autorisé à reprendre l’entrainement. D’abord doucement et puis, il y a quelques mois, les médecins valident sa participation au Marathon de Paris. Arnaud en rêvait. Quelques jours avant son "accident," il s’était inscrit pour celui de 2018 ! Celui de 2022 sera sa revanche.
Une épreuve mythique
En arrivant ce matin sur la ligne d’arrivée, Arnaud a versé quelques larmes. Comme un trop plein de toutes les émotions traversées pendant ses quatre années et oublier le parcours difficile pour revenir à la compétition.
Arnaud s’est entrainé pendant des semaines, et enfin, ce 3 avril, il a foulé les pavés parisiens. "La météo était excellente, il ne faisait pas trop froid, il y avait des gens tous les 5 kilomètres sur la parcours pour m’encourager, c’était vraiment fort " témoignele jeune homme.
Il a passé la ligne d’arrivée en serrant la main de sa femme et de ses deux filles. "On est trop fières de toi, on savait que tu allais le faire" ont elles affirmé.
Très ému, Arnaud a le sentiment d’avoir bouclé la boucle. Il souhaite que son histoire puisse donner confiance aux malades, "c'est la preuve qu'on peut toujours se relever" dit il en souriant, et espère réussir à trouver des fonds pour la Fondation Cœur et Recherche. Car le marathonien ne sait toujours pas pourquoi son cœur s’est arrêté.
Courir pour la bonne cause
Le projet Résoudre lancé par le professeur Carré du CHU de Rennes cherche justement à comprendre pourquoi chaque année en France, une centaine de sportifs, professionnels, ou amateurs de moins de 35 ans, meurent d'un arrêt cardiaque.
"Dans 40% des cas d’arrêts cardiorespiratoires des jeunes sportifs, explique le professeur François Carré, cardiologue au service du sport au CHU de Rennes, on ne trouve pas la cause de ces arrêts du cœur. On constate malheureusement que le cœur a déraillé mais on ne sait pas l’expliquer et effectivement, pour les familles, c’est très difficile à comprendre. Il était jeune, il était sportif et il s’est effondré ! Nous devons leur donner des réponses."
Arnaud Fay a porté les couleurs de la Fondation sur tout le parcours et a terminé sa course, sans marcher, "c’est ce que je voulais," explique-t-il déterminé. Une exploit sportif… et surtout une victoire de la vie !