Sur les chantiers en ce moment, même si les travaux continuent, l'inquiétude est vive face à la flambée des prix du gazole due au contexte de guerre en Ukraine. Avec des machines énergivores en carburant, les professionnels sont dans l'incertitude. Certains chantiers risquent de s'arrêter. Des aides d'urgence sont demandées.
Raymond Armange est à la tête de la Société SMPT. L'entreprise est basée à Saint- Malo avec trois antennes à Rennes, Vitré et Vannes, forte d'une centaine de salariés. Les travaux publics en Bretagne se sont près d'un millier d'entreprises pour plus de 12 000 salariés.
Ce matin, le chef d'entreprise est sur un chantier de terrassement dans un quartier de Vitré, en Ille-et-Vilaine. Sur place, il s'agit de renouveler des conduites de gaz. Une pelleteuse, un motobasculeur et une aspiratrice à gravats pour les tranchées s'activent. Des engins très énergivores, notamment l'aspiratrice qui consomme pour sa motorisation 20 litres de GNR (gasoil non routier) par heure et 32 litres de gasoil au 100 km.
"Au mois de janvier, le gazole était à 1,80 euros le litre. Il est passé à 2,25 euros. Pour le GNR, la hausse est passée de 1,64 euros à 1,78 euro le litre" explique Raymond Armange. Il a fait ses calculs : dans l'état actuel des choses, sans imaginer de nouvelles augmentations, son budget carburant affichera un surcoût annuel de 350 000 euros.
Actuellement, son entreprise assure une vingtaine de chantiers en Bretagne, mais il est inquiet.
On envisage de ralentir nos chantiers et d'avoir recours au chômage technique. On va demander à nos clients, beaucoup de collectivités, de voir s'il est possible de nous aider en actualisant les prix. Sans compter que nous sommes victimes de vols de carburant.
Raymond Armange Directeur SMPT, entreprise de travaux publics
Même constat morose du côté de la Fédération Régionale du Bâtiment de Bretagne.
Le bâtiment, ce sont 3.500 entreprises et 40.000 emplois sur le territoire, 8 milliards de travaux par an dans le neuf et la rénovation. Là encore, un secteur gros consommateur en gazole pour les véhicules de chantier et les camionnettes qui sillonnent chaque jour les routes.
On a des entreprises qui perdent de l'argent et risquent de mettre le pied à terre. D'autant que nos marchés sont fermes et définitifs, on ne peut pas les renégocier pour répercuter les hausses du carburant.
Stéphane Le Teuff, Président de la FFB Bretagne
Au niveau national, la Fédération rencontre, ce vendredi, le ministre de l'Economie et des Finances afin de demander des mesures exceptionnelles.
Un appel aux aides d'urgence
Dans un communiqué, la FFB détaille ces demandes d’urgence aux pouvoirs publics : une mesure transitoire de baisse du taux de TVA sur les carburants ; un gel des prix de l'énergie et des carburants ; la prise en charge intégrale de l’activité partielle qui découlerait de pénuries ; dans les marchés publics, la prise en compte systématique des demandes d'indemnisation, d'avenant au marché, de non application des pénalités de retard ; la mise en œuvre de la théorie de l'imprévision tant dans les marchés publics que dans les marchés privés en vue d'imposer une renégociation des prix aussi longtemps que durera le conflit.
"Les artisans et entrepreneurs du bâtiment, qui ont porté l'économie au cours des derniers mois dans une situation déjà tendue, ne pourront pas tenir sans mesures exceptionnelles" conclut le communiqué.