Il ne restait plus que quelques tentes vides ce lundi sur le site des Gayeulles à Rennes. Les associations d'aide aux migrants avaient pris les devants, avant même la réponse positive du tribunal administratif de Rennes à la demande d'expulsion de la préfecture d'Ille-et-Vilaine.
Les associations ont installés les dernières personnes, des adultes uniquement, dans un squatt situé rue des Veyettes à Rennes. Ce bâtiment industriel avait déjà été réquisitionné le 14 septembre dernier pour accueillir certains d'entre eux de façon provisoire.
La solution a été adoptée dans l'urgence car les soutiens aux migrants craignaient le résultat de la requête en référé, déposée devant le tribunal administratif de Rennes par la préfecture d'Ille-et-Vilaine. Celle-ci souhaitait que la ville évacue sans délai les migrants du parc des Gayeulles.
Le tribunal administratif a finalement donné raison à la Préfecture dans son ordonnance de jugement en "enjoignant aux occupants du campement de libérer sans délai les lieux avec l'ensemble des tentes, matériels, marchandises, véhicules leur appartenant...faute de quoi il pourra être procédé à leur expulsion au besoin avec le concours de la force publique".
L'ordonnance précise que "les occupants des lieux ne disposent d'aucun titre ni d'aucun droit pour occuper le domaine public. La mesure ne se heurte ainsi à aucune contestation sérieuse".
Une tribune des maires de grandes villes
Sur le site internet du journal Libération, treize maires, dont Nathalie Apperé pour la ville de Rennes, publient une tribune à propos des camps de migrants.Face à une situation devenue insupportable, ces maires appellent l'Etat à trouver une solution "pérenne" pour l'accueil des migrants qui s'entassent dans des "campements de fortune" et à ne plus se décharger sur les villes. Dans ces camps informels et souvent insalubres, "on compte chaque jour plus d'hommes, de femmes et d'enfants (...) dans une situation d'extrême vulnérabilité", poursuivent les édiles, rappelant l'urgence d'agir alors que se profile l'hiver.
Mises à disposition d'hébergements, de gymnases ou encore de douches, créations de centres humanitaires... Selon ces maires, qui souhaitent replacer l'accueil des migrants au coeur d'un débat que le gouvernement veut axer sur la forte demande d'asile, leurs villes ont pris leur part dans l'effort collectif.
"A leurs côtés, nombreuses sont les associations, les entreprises, les citoyens qui s'engagent pour mettre fin à une réalité devenue insupportable", rappellent-ils. "Mais cette mobilisation, aussi soutenue soit-elle, ne doit pas avoir pour effet de décharger l'État de compétences qui sont les siennes. D'autant que, si les acteurs de terrain ne manquent pas d'idées, ils arrivent à court de moyens", déplorent encore les maires.