Comment vivait-on dans le pays rennais il y a plus de 2000 ans ? Les réponses sont très concrètes ce 19 juin à la Chapelle-des-Fougeretz, où un sanctuaire gallo-romain a été mis à jour par les archéologues de l'INRAP.
"Impressionnant... Toutes ces pièces, c'est vraiment impressionnant !" Lunettes de soleil sur le nez et casquette visée sur la tête, ces voisins n'en reviennent pas. "On savait qu'il y avait un pont romain dans le coin, mais tout ce sanctuaire, c'est incroyable !" A quelques mètres de leurs habitations, un site archéologique exceptionnel vient d'être mis au jour.
Sur plus de sept hectares de terres agricoles classées "urbanisables", un sanctuaire gallo-romain datant de -30 avant notre ère a été découvert dans le pays rennais. Il a été le siège d'intenses pratiques religieuses jusqu'au 4ème siècle.
Sur commande de l'État, des fouilles ont démarré en mars à La Chapelle-des-Fougeretz. Repéré dès 1984 par survol aérien, le site avait fait l'objet d'un premier diagnostic de l'Inrap en 2018 pour définir une zone de fouilles.
Les archéologues ont notamment mis au jour les fondations d'un mur d'enceinte de 60 mètres de côtés mais aussi une immense esplanade. Un ensemble avec en son cœur deux pièces maitresses : deux temples d'une quinzaine de mètres de hauteur à l'époque.
"Là, au centre vous avez une petite pièce carrée dans lequel on avait la statue de la divinité. Et autour un deuxième mur délimite une galerie sur laquelle il devait y avoir des colonnes, et les fidèles déambulaient dans cette galerie autour de la pièce au coeur de laquelle il y avait cette statue de la divinité" montre Bastien Simier, l'archéologue de l'INRAP responsable de ces fouilles.
Trésors, de Mars à Jupiter
Les fouilles ont aussi permis de mettre au jour une petite statuette en bronze du dieu Mars, ainsi qu'une coupelle en bronze sur laquelle figure un aigle et un foudre symbole de Jupiter.
Parmi les pièces de monnaie découverte, figure aussi une rareté : une pièce en or marquée de la louve romaine sur une face et de l'empereur Vespasien sur l'autre.
"Cette monnaie en or, ce qu'on appelle un aureus, ça avait une très forte valeur : quasiment une année de paie pour un légionnaire" poursuit Bastien Simier. "Ca veut dire que sur ce sanctuaire on avait des dévotions, des offrandes de toutes les catégories de la population."
Outre les deux temples, des habitats ont été mis au jour ainsi que des thermes romains de 120 m2, une "surprise" pour les archéologues qui ne demandent qu'à partager leurs découvertes. C'est le cas ce dimanche 19 juin de 11h à 18h, dans le cadre des Journées européennes de l'archéologie.
Une fois les fouilles achevées, à l'automne, le site gallo-romain laissera place à un chantier de construction de 700 logements.