Alors qu'un collectif d'associations écrit aux élus pour inventer la Bretagne de demain, les artistes bretons, eux aussi, se soucient de l'avenir de nos enfants. Le chanteur Gérard Delahaye a invité ses amis et grandes voix du pays à enregistrer, entre doutes et espoir, "les enfants de l'an 2100".
"Chez Gérard tout est rare !", c'est le slogan rigolo que vos enfants reprendront en choeur après un concert de Gérard Delahaye. Mais, pour faire mentir cette rime, le chanteur rennais a été plutôt prolixe et généreux pendant le confinement, en enregistrant dans son salon pas moins de 46 chansons, pratiquement une par jour, à l'heure du goûter, mises aussitôt en ligne sur son blog, pour accompagner les petits tout au long de cette période pas vraiment drôle.
"Gaston et l'orthographe", "Vive l'amour", "C'est l'or qui nous rend fou", Gérard est plutôt léger et déluré en général, mais il parle aussi parfois dans ses chansons du sens de la vie, de la planète qui ne tourne pas vraiment rond...
Avec les copains
Et puis, comme à tous les gamins, ce qui lui a manqué le plus à Gérard, pendant le confinement, ce sont ses copains, Patrick et Melaine (Ewen et Favennec). Les septuagénaires chevelus du Trio EDF sont d'inséparables gais lurons et il était hors de question que ce "chacun chez soi" sonne pour eux l'heure de la retraite.
Alors les cheveux blancs ont sorti les webcams pour enregistrer ce clip d'espoir qu'ils avaient prévu de tourner au Croisic le 30 avril, "Les enfants de l'an 2100", une chanson écrite par Gérard pour le trio.
Message de solidarité envers les générations futures
Et puisqu'il fallait de toutes façons travailler à distance, pourquoi ne pas élargir le cercle et faire de cette aventure fraternelle une incantation collective. Alors Gérard a envoyé les paroles et les partitions à tous ses potes, de grandes voix ou pointures de la musique bretonne comme Gilles Servat ou Dan ar Braz, d'autres moins connues, toutes emballées par cette idée de partager ce message d'espoir aux générations futures. Cela donne une mosaïque tendre et engagée, un choeur intergénérationnel coloré, symbole d'une Bretagne engagée dans un sursaut planétaire nécessaire et urgent.
Et que disent tous ces artistes "aux enfants de nos petits-enfants"? Eh bien qu'ils ont bien conscience que nos générations n'ont pas été exemplaires et qu'elles leur ont un peu savonné la planche, mais qu'on va tous tout faire pour que ça s'arrange...
Extrait de "Je salue les enfants de l'an 2100" (paroles et musique Gérard Guillou-Delahaye)
Je salue les petits enfants de mes petits enfants
Que leur jeunesse soit joyeuse et libre comme le vent
Qu'ils vainquent enfin la misère et la nuit des ignorants.
Je salue les enfants de l'an 2100
Qu'ils nous pardonnent notre lâcheté devant le pouvoir et l'argent
Et qu'ils ne crachent pas par terre en se souvenant.
Je salue les enfants de l'an 2100
Qu'ils puissent encore voir la baleine jaillir de l'océan
Qu'il puissent encore caresser des yeux le lion, l'éléphant
Je salue les enfants de l'an 2100
Qu'ils puissent encore voir la banquise, les glaciers d'argent
Qu'ils puissent encore voir danser le morse, l'otarie, l'ours blanc
Je salue les petits enfants de mes petits enfants
qu'ils puissent encore courir sur Sein, Molène et Ouessant
Qu'ils puissent encore parler la langue de leurs arrière grands parents...
Bugale 2100 o saludiñ ran
Gant ma redfec'h 'darre war Sun, Eusa, kreiz al lann
Ma tallfec'h da gomz yezh ma zad e gizh d'ho yezh-vamm
Le clip est en ligne sur You Tube et sur le blog de Gérard Delahaye, prêt à être partagé, généreusement, fraternellement.
(droits reversés à la Fondation de France)