Si Benjamin Bourigeaud a laissé son brassard de capitaine, "Bourig" a retrouvé les chemins des filets. Le joueur adoré des supporters Rouge et Noir pour sa combativité et son franc parlé se place désormais sur la droite du terrain. Si Julien Stephan lui demande d'y rester, il y fera sa place.
Destitué du brassard de capitaine à l'arrivée de Julien Stéphan sur le banc de Rennes, Benjamin Bourigeaud, replacé dans un poste de piston droit inédit, est redevenu décisif contre Reims (3-1) et espère bien l'être à nouveau dimanche à Marseille.
Un but pour le 2-1 à la conclusion d'une superbe action collective, un coup-franc millimétré coupé de la tête par Arthur Theate pour le 3-1, cela faisait belle lurette qu'on avait plus vu Bourigeaud à pareille fête en Ligue 1.
"Bourig" un cœur en Rouge et Noir
Auteur de 53 buts et 59 passes décisives en 283 matches avec les Bretons, il est pourtant une valeur sûre et '"Bourig" était le premier nom que tous les entraîneurs couchaient sur la feuille de match au moment de faire leur composition.
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Bruno Genesio avait même décidé, au début de la saison, de matérialiser son statut particulier en lui confiant le brassard de capitaine.
L'expérience n'a absolument pas été probante, la courbe des performances individuelles du milieu de terrain suivant celle des prestations collectives d'un Rennes sur courant alternatif.
Les images du joueur, les yeux dans le vide et se remplissant de larmes, la gorge serrée, après la défaite contre Lyon, le dernier match de Genesio en poste et de Bourigeaud comme capitaine, avaient autant ému que stupéfait, illustration parfaite d'un capitaine à la dérive dans un navire en pleine tourmente.
Benjamin Bourigeaud au bord des larmes après cette défaite face à Lyon : " On va se battre, on ne lâchera pas..." #SRFCOL #J12 pic.twitter.com/nHXxu4rSVh
— Christophe Penven (@PenvenC) November 12, 2023
Adoré pour sa détermination
"On va se battre, on va se battre, on ne lâchera pas. Vous croyez que c'est facile tous les jours ?", avait-il lancé aux journalistes en zone mixte avant un interminable silence de 13 secondes.
"Nous aussi on est mécontents de nous, nous aussi on aimerait rentrer avec la victoire à la maison. Mais voilà, c'est compliqué. On donne tout, on fait les efforts...
On est fatigués de faire les efforts et de ne pas être récompensés derrière", avait-il ajouté avant de se ressaisir.
La scène avait provoqué un élan de sympathie envers un joueur dont la vie hors du terrain est aussi compliquée depuis quelque temps et qui, plus qu'un cadre ou un leader de l'équipe, est devenu le "frangin" ou le "meilleur pote" idéal de nombreux supporters rouges et noirs, depuis son arrivée à l'été 2017.
Très proche de Genesio, il a mal vécu le départ de celui qu'il a qualifié d'"homme fabuleux" et, à l'arrivée de Stéphan, la décision a été prise de faire de Steve Mandanda le nouveau capitaine, comme il l'avait été à Marseille.
Bourigeaud avait beau avoir toujours assuré que le brassard ne lui pesait pas, Stéphan a tranché et le natif de Calais a accepté.
Plus capitaine mais récompensé sur le terrain
"(On a eu) plusieurs échanges constructifs avec beaucoup de respect de part et d'autre. Je lui ai donné mon ressenti, il m'a donné son ressenti. Je lui ai laissé le choix, je n'ai pas mon mot à dire", a-t-il expliqué après le match de Reims, qui a semblé donner raison au technicien.
Repositionné en piston droit, Bourigeaud pèse à nouveau sur le jeu même si, sur le plan défensif, il a une marge de progression certaine.
Paradoxalement, ne plus être capitaine lui a peut-être permis d'être davantage autocentré.
Benjamin Bourigeaud : « Peu importe que j’ai le brassard ou non, je défendrai les couleurs du club au maximum, comme je l’ai toujours fait depuis que je suis arrivé. » #SRFC pic.twitter.com/BwZgZuGpVF
— Clément Gavard (@Clem_Gavv) November 26, 2023
"Je continue de travailler, je me mets dans ma bulle, et aujourd'hui je suis très content d'être récompensé parce que, mine de rien, ça a été des moments difficiles ces derniers temps, mais je retrouve l'efficacité", a-t-il admis après le succès qui a relancé Rennes dans la course au haut du tableau.
Après son but, inscrit 28 secondes après le début de la seconde période, le Roazhon Park a de nouveau entonné sa chanson et sa sortie à la 72e a été accompagnée d'une énorme ovation.
"Ça me rassure sur le plan psychologique aussi parce que ça me fait du bien", a-t-il reconnu.
Si le changement de formation, pour passer à un 3-4-3, et son changement de poste ont été un "chamboulement", ils ont permis à Rennes retrouver "de l'orgueil et un supplément d'âme" qui sera certainement encore nécessaire contre Marseille.
Le Stade Rennais reste sur 6 déplacements à Marseille sans victoire, 3 défaites et 3 nuls. Le dernier succès au Vélodrome remonte au 10 septembre 2017, avec Christian Gourcuff aux manettes. Benjamin Bourigaud avait marqué.