Bilan carbone : une tomate sous serre équivaut-elle à une tomate d’Afrique du Sud ?

Faire venir en camion une tomate cultivée en Afrique du Sud représente le même bilan carbone que de la faire pousser sous serre l’hiver en Bretagne. “Une absurdité écologique” selon la députée Sandrine Le Feur. L’analyse cinglante d’un chercheur en économie d’énergie.

Manger local, manger des fruits et légumes de saison. Pour beaucoup ce mantra est une priorité pour réduire les effets du réchauffement climatique.

Alors quand on voit, en hiver, sur nos étalages des tomates produites en France, c’est tentant. Surtout pour l’un des fruits les plus mangés dans le monde.

Tomate sous serre contre transport très longue distance

Un chercheur n’a pas oublié que la tomate est une plante qui aime la chaleur et qui a besoin de serre chauffée en hiver pour être cultivée durant notre hiver Breton. Gautier Avril a comparé le bilan de carbone d’une tomate produite en Bretagne, sous une serre chauffée, à celui d’une tomate cultivée sous le soleil du Cap en Afrique du Sud, affrétée par camion.

Moralité, le score est identique. Un trajet de 314 heures de route en camion, plus de 20.000 kilomètres en passant par l’Ouzbékistan, pour livrer une tomate revient à faire pousser cette même tomate en hiver, sous une serre chauffée.

Pour justifier son calcul, Gautier Avril s’appuie sur les chiffres de l’agence de la transition écologique, l’ADEME. Pour 1 kilo de tomate produite sous serre, l’ADEME établit leur bilan carbone à 2,36kg.    

Soit à 70 tonnes de CO2 pour 30 tonnes de tomates sous serre chauffée.

Pour 30 tonnes de tomates produites en Afrique du Sud, leur bilan carbone est de 4,8 tonnes de CO2. Pour arriver au même volume de carbone émis que pour les tomates sous serre, Gautier Avril calcule qu’il faut plus de 25.000 kilomètres de trajet. Soit la distance entre Le Cap et Roscoff.

“L’absurdité écologique”

Ce calcul présenté par le chercheur de la société PureControl près de Rennes a pour but de rappeler l’importance de manger des fruits et légumes de saison. Quand certains l'accusent de vouloir faire interdire les tomates en hiver, ou l'utilisation de serre, il répond “Je dis juste que l'on a tendance à surestimer l'impact du transport et sous-estimer l'impact du produit”. Il ajoute Je ne dis pas : mangez de la dinde importée, je ne dis pas non plus "Mangez des tomates sud-africaines... Je préfère manger des légumes de saison.”


Un calcul mis en valeur par la députée du Finistère Sandrine LeFeur qui dénonce cette “absurdité écologique”. L’élue à l’Assemblée Nationale critique “les préférences alimentaires des consommateurs qui ne peuvent se passer de tomate en hiver.” 

La Finistérienne rappelle que “633 000 tonnes de tomates et concombres sont produites en France sous serre chauffée, soit 90% des tomates et concombres français. La tomate est le premier légume consommé en France”.

L’heure du changement ?

Pour la députée Sandrine LeFeur il y a urgence à changer nos choix de consommation afin de ne pas “dérégler pour de bon” le système météorologique mondial.

Le chercheur Breton, habitué à proposer des ordres de grandeur et comparaison en bilan carbone,  insiste sur le côté non réaliste de ce trajet. “L’objectif est de souligner certaines idées reçues : le transport est la partie visible des émissions, mais il y a beaucoup d'autres sources cachées”.

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