Cinq Français de 42 à 56 ans dont un Rennais sont jugés ce jeudi 5 mars en correctionnelle à Rennes pour avoir créé et administré pendant plusieurs années des sites de diffusion illégale de programmes sportifs consultés par des millions de visiteurs.
La société Canal Plus, qui s'est portée partie civile, réclame 29,9 millions d'euros de dommages et intérêts aux prévenus qui encourent une peine maximale de dix ans de prison.
Les sociétés SFR et beIN Sports se sont également portées partie civile mais sans évaluer leur préjudice à ce jour. Le créateur des sites, Olivier O., 46 ans, habitant près de Rennes, avait été interpellé en juin 2018, à la suite d'une enquête de la gendarmerie.
Avec les autres prévenus, il lui est reproché d'avoir diffusé sur "une galaxie de sites", depuis au moins 2014, des événements sportifs (football, basket, rugby...) réservés aux abonnés de chaînes payantes. La chaîne Canal Plus était ainsi diffusée gratuitement 24H/24, selon le président du tribunal.
Des millions de visiteurs et des revenus publicitaires conséquents
Les neuf sites les plus fréquentés ont attiré plus de 7,5 millions de visiteurs uniques de 2014 à 2017, selon une estimation citée à l'audience. En septembre 2017, 327.000 visiteurs uniques se sont connectés sur le site "BeIn Sports streaming", d'après la même source.
"On ne parle pas de deux ou trois captations de programmes entre copains", a souri le président François Lavallière, qui a expliqué que certains prévenus avaient trouvé "légitime", durant leur garde à vue, de mettre ces programmes à disposition "pour ceux qui n'en avaient pas les moyens".
Les visiteurs des sites étaient "bombardés" de publicités, qui auraient rapporté des sommes importantes à Olivier O., dont l'une des trois maisons, le véhicule et l'assurance-vie ont été saisis par les enquêteurs, selon le président. Titulaire d'un BTS d'électronique, disant avoir des connaissances "modestes" en
informatique, cet ancien vendeur de photocopieurs avait ouvert des comptes en Suisse et aux Iles Vierges pour percevoir les revenus publicitaires, selon la même source.
"Au départ, c'est avant tout une passion, le football. On est avant tout des passionnés", s'est-il justifié avec aplomb à la barre.
"Je suis un passionné de foot mais je ne le regarde même pas à la télé. A la radio, c'est dix fois mieux", a-t-il ajouté. Le prévenu a assuré que l'essentiel des revenus publicitaires qu'il touchait venaient de sites légaux, sans lien avec le streaming. Interrogé sur un message qu'il a rédigé disant "on a 237 K euros en liquide", il n'a pas su l'expliquer. "Je ne sais pas, c'est des prévisions", a-t-il bafouillé.