Ils viennent de Géorgie ou d'Afghanistan et vont d'hébergements temporaires en hébergements temporaires, avec les associations qui les soutiennent. Et puis en parallèle, depuis trois semaines nous assistons à un formidable élan de solidarité envers les réfugiés, qui fuient la guerre en Ukraine. Avec des procédures facilitées. Comment peut-on expliquer cette différence de traitement ? Les raisons sont à la fois subjectives et objectives.
Un gymnase depuis des mois, comme seule solution d'hébergement à Rennes et en passe d'être évacué. Pour d'autres, depuis quelques jours, un hôtel désaffecté. Ceux qu'on appelle les migrants à Rennes, viennent de Géorgie, d'Afghanistan ou d'Albanie, et passent d'un logement temporaire à un autre, soutenus par quelques associations très mobilisées. Des associations, qui réclament pour ces femmes, leurs enfants, ces jeunes garçons, des solutions plus pérennes pour une vie plus stable.
L'émoi populaire à l'arrivée des réfugiés d'Ukraine
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le sort des habitants de ce pays qui fuient le conflit a provoqué un véritable émoi populaire à travers toute l'Europe. Un élan de solidarité qui pourrait faciliter leur arrivée chez nous. Trois millions et demi d'entre eux ont fui leur patrie et 26 000 seraient arrivés en France.
Mais sur le plan administratif, les ressortissants ukrainiens bénéficient aussi d’un accueil sur-mesure et inédit. Le 4 mars dernier, le Conseil de l’Union Européenne a mis en place un dispositif exceptionnel : la protection temporaire. Ce statut créé en 2001, n’avait jamais été activé jusqu'à aujourd'hui.
La protection temporaire accordée aux Ukrainiens
Ce statut de protection temporaire permet aux personnes déplacées d’Ukraine, d'avoir l’autorisation de séjourner en France pour six mois (autorisation renouvelable pendant 3 ans); de pouvoir passer d’un État européen à un autre (des compagnies ferroviaires ont même accordé la gratuité des voyages pour les ressortissants ukrainiens); de pouvoir travailler; d'avoir accès au logement et aux soins médicaux; de pouvoir bénéficier d'une allocation de 14€ par jour.
L'Ofpra pour les demandeurs d'asile
Pour les demandeurs d’asile, qu'ils arrivent du continent africain, de Géorgie, d'Albanie ou d'Afghanistan c'est l’Office Français de protection des réfugiés et apatrides, l'Ofpra, qui étudie leurs demandes d’asile. Cet organisme gouvernemental décide en fonction des persécutions et des atteintes aux droits humains d’accorder ou non le statut de réfugié. Cette procédure dure en moyenne 9 mois, parfois plus et donne accès à un titre de séjour valable dix ans.
Un guichet unique dans les préfectures pour les Ukrainiens
Les ressortissants ukrainiens n'ont pas besoin de passer par l'Ofpra et l’examen d’un dossier. Pour eux, la procédure est simplifiée Les préfectures ont mis en place un guichet unique. Leur titre de séjour est délivré immédiatement et pour six mois. En Bretagne, à ce jour, 517 autorisations provisoires de séjours ont été accordées (ou sont en passe de l’être), mais ils seraient beaucoup plus nombreux à être arrivés dans la région.
Frais de santé et retour au pays
Concernant les frais de santé encore, les réfugiés d’Ukraine sont immédiatement pris en charge, alors que la procédure impose un délai de carence de trois mois aux autres demandeurs d’asile. Enfin, dernière différence de traitement, les réfugiés n’ont, en principe, pas l’autorisation de retourner dans leur pays, où ils seraient en danger. Ce qui n’est pas le cas des ressortissants ukrainiens.
Comment expliquer cette différence de traitement?
Les Européens ressentent une forme de responsabilité de proximité. L'Ukraine est un pays du continent européen, ce qui renforce l'empathie, avec la population ukrainienne. Ce sont naturellement, toujours les pays voisins qui accueillent le plus : la Pologne pour les Ukrainiens, le Liban ou la Jordanie pour les Syriens.
Il faut dire aussi que l'attaque de la Russie contre l'Ukraine et la guerre désormais, occupent les ondes et les chaines de télévision depuis trois semaines, ce qui favorise cet élan de solidarité. Et puis les Ukrainiens sont accueillis temporairement, la plupart d'entre eux espèrent en effet pouvoir rentrer chez eux quand la situation le permettra. Selon le ministère de l’Intérieur, deux tiers des réfugiés d'Ukraine en France sont des femmes ou des enfants. Les hommes sont en effet restés sur place pour se battre, ce qui renforce encore l'idée du retour dans leur pays.
Autant d'explications à un accueil différencié de ces populations, qui toutes pourtant ont fait le choix un jour de fuir leur maison, leur ville et leur pays, en raison de guerre, de conflits, de persécutions, de pauvreté ou de famine...
