Les panneaux publicitaires font parti de notre paysage urbain. Mais à Mordelles, à l'ouest de Rennes, la municipalité n'en veut plus. Elle dit stop pour s'engager dans une démarche de transition, sans pollution visuelle et sans message de surconsommation. La ville n'en n'est pas à ses premiers engagements dans ce sens.
Les quinze panneaux publicitaires installées sur la voie publique de Mordelles auront tous disparu cette semaine. La ville a décidé de les faire démonter.
Du côté des habitants, la décision est bien accueillie. "Il y a trop de pub, ça pousse à la consommation" dit cette dame. "Moi je sais ce dont j'ai besoin et je connais mes magasins, pas besoin d'affichage" rajoute son voisin et un peu plus loin cette réflexion d'une passante : "C'est parfois dangereux. Cela peut détourner l'attention des automobilistes qui sont tentés de jeter un œil sur les panneaux !".
Sobriété écologique, économique et sociale
En mettant fin au contrat qui le liait avec JC Decaux, l’annonceur publicitaire de ces mobiliers urbains, la mairie affiche, si l’on peut dire, sa volonté d’une transition vers plus de sobriété écologique, économique et sociale. Une certaine philosophie. "Si vous étiez venu sur la commune il y a quinze jours, indique Hervé Pralong, adjoint au maire chargé de la communication et de la citoyenneté, vous n'auriez vu sur les panneaux que de la pub de bières, de gin et de whisky ! Ce ne sont pas les valeurs qu'on porte en terme de transition".
Les panneaux de bois, qui seront désormais fabriqué sur la commune, seront consacrés à 100% à l’information municipale. 60.000 euros de budget mais c'est le prix de l’indépendance car l’ex-annonceur, grâce à la publicité de ses affiches, offrait en échange des espaces de communication gratuits à la ville. "C'est dur pour nous mais c'est la seule commune en France qui a pris cette décision à notre connaissance, souligne Valentin Gourdon, directeur régional de la société JC Decaux. Les 3.000 autres villes avec lesquelles nous travaillons continuent de nous faire confiance car on leur propose un modèle économique qui leur permet de ne pas faire peser sur leur budget le coût de leur propres affichages municipaux. C'est du donnant-donnant".
Lampadaires éteints la nuit
Mordelles ne veut pas s’arrêter là. Une lettre a été adressée à Rennes métropole, qui gère les abribus de la commune, pour en bannir toutes publicités. Quant aux éclairages publiques, voici trois ans que les 7.800 habitants du bourg s’habituent au noir de 22h30 à 6h du matin.
Chacun y va de sa solution : lampe frontale ou portable en mode lampe pour se déplacer. Cette lutte contre la pollution lumineuse est un peu plus difficile à accepter dans la population.
A la nuit tombée, les avis sont partagés . "Il fait noir, c'est risqué, il y a des gens qui peuvent tomber" témoigne un riverain. Mais pour un autre, ces économies d'énergies sont bienvenues : "c'est du gaspillage de laisser l'éclairage toute la nuit pour deux ou trois passants".
En faisant ces choix novateurs, Mordelles fait figure de précurseur. Son message contre la surconsommation et les pollutions urbaines veut aussi réveiller la flamme des consciences citoyennes.