En Bretagne, en 2023, 28 900 bébés ont vu le jour. C'est 2 100 de moins qu'en 2022 et le chiffre le plus bas depuis plus de 120 ans. Une baisse qui ne cesse de s'accentuer depuis près de vingt ans, puisqu'il y a près d'un quart de naissances de moins qu'en 2006. La raison principale de cette tendance : une baisse de la fécondité des Bretonnes.
"28 900 bébés sont nés en 2023 de mères domiciliées en Bretagne". Voici le chiffre que l'INSEE, l'Institut national de la statistique et des études économiques, dévoile ce jeudi 14 novembre. Un chiffre qui révèle une tendance à la baisse des naissances engagée depuis 2006.
28 900, c'est 2 100 naissances de moins qu'en 2022, soit une chute de 6,9%. Si on compare les chiffres des naissances entre 2023 et 2006, le dernier pic de naissances, la baisse est de 23,5 % soit un quart de naissances de moins.
Cette baisse du nombre de nouveau-nés est plus importante que celle observée au niveau national (-19, 7%).
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Une baisse importante de la fécondité
Le nombre de naissances est lié à deux facteurs : un élément de démographie qui est le nombre de femmes en âge de procréer et le taux de fécondité de ces femmes.
Or le nombre moyen d'enfants par bretonne est passé de 2,04 en 2006 à 1,62 en 2023, un taux de fécondité plus faible que la moyenne française en métropole (1,64 %).
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L'âge moyen des femmes donnant naissance continue d'augmenter dans la région : de 30, 2 ans en 2006, il est passé à 31,3 ans en 2023.
On voit dans le graphique ci-dessous que le nombre de femmes en âge d'avoir des bébés est à la baisse dans tous les départements bretons sauf en Ille-et-Vilaine comme le montre les barres vertes. Mais, c'est surtout le taux de fécondité des femmes en âge d'avoir des enfants qui est à l'origine de cette baisse de naissance. L'impact de la diminution de la fécondité (barres bleues ci-dessous) est ainsi estimé à une baisse de la natalité de l'ordre de 20 % en Bretagne et même de 23 % en Ille-et-Vilaine.
Pour avoir envie de faire des enfants, il faut avoir le moral et ce n'est pas le cas des jeunes.
Jean-Marc Lardouxchef de projet INSEE Bretagne
La chute constante du taux de fécondité, soit du nombre d'enfants par femme, s'explique par quatre raisons principales selon Jean-Marc Lardoux, chef de projet INSEE Bretagne et en charge de cette étude.
- La première est l'aspiration des jeunes à vivre leur vie en s'éloignant du schéma traditionnel du foyer familial avec des enfants des générations précédentes.
- La seconde est l'environnement international qui est plus incertain et qui ne donne pas envie aux femmes de faire des enfants.
- La troisième est que le contexte socio-économique qui n'est pas favorable à avoir un ou plusieurs enfants. Ces deux dernières explications, Jean-Marc Lardoux les résume par "pour avoir envie de faire des enfants, il faut avoir le moral et ce n'est pas le cas".
- Et la quatrième raison est l'importance que prend la conscience écologique, ce que le responsable de l'INSEE explique par "pour les jeunes, il y a suffisamment d'habitants sur la planète et ils estiment qu'ils n'ont pas besoin de faire des enfants en plus".
Une baisse de naissances plus marquée en milieu rural
Cette tendance s'observe beaucoup plus dans les communes rurales (-27,7 % entre 2023 et 2006) que dans les villes (-18,4 %).
Alors que la baisse des naissances est continue depuis 1980 dans les villes, elle ne s'observe que depuis la fin des années 2000 dans les communes rurales.
Une baisse qui va continuer ?
À la question de savoir si cette baisse de naissances qui s'accentue au fil des années va se poursuivre, Jean-Marc Lardoux répond "pas forcément. Car cette baisse coïncide à un creux dans la démographie régionale sur deux années, 1993 et 1994. Or, comme la moyenne d'âge des femmes qui font des bébés est de 31 ans, cela correspond bien à cette chute. On peut donc espérer plus de naissances dans les années à venir car plus de femmes de cette tranche d'âge".
Reste que la tendance est de toute manière à la baisse et que la grande inconnue est le comportement des générations à venir face à la maternité.