Dans quelles circonstances est décédé Babacar Gueye ? Depuis bientôt quatre ans, la soeur de la victime mobilise associations et médias pour réfuter la thèse de la légitime défense retenue lors d'une première enquête par le parquet et l'IGPN, qui a classé le dossier sans suite.
Ce soir-là, la police est appelée pour une intervention dans un immeuble de Maurepas. Babacar Gueye est muni d'un couteau et dans un état psychologique altéré, selon des témoins. Après avoir tenté de le maitriser, un des policiers va tirer cinq balles sur le jeune homme qui décédera sur place. C'est pour contester la thèse de la légitime défense que la famille de la victime a demandé l'ouverture d'une information judiciaire en se constituant partie civile.
Une nouvelle contre-expertise balistique et médico-légale
Le magistrat instructeur chargé de l'enquête a donc demandé une contre-expertise pour préciser les événements. Ce nouveau rapport associe expertises balistique et médico-légale, qui précisent les angles et les trajectoires de tirs.
Pour la soeur de la victime, les extraits de ce document donnent de l'éclairage au dossier. notamment pour savoir si le policier a tiré ou non de face et à la même hauteur. Selon son avocate, maître Gwedoline Tenier "ces pièces sont probantes pour ma cliente qui depuis le début martèle l'innocence de son frère qui a d'abord été considéré comme responsable de la situation."
En début de semaine, le policier a été entendu pour la première fois par le magistrat instructeur en tant que témoin assisté. Son avocat maître Frédéric Birrien a une toute autre lecture des faits: "Mon client n'a jamais nié les faits, il est très affecté par la situation, mais la nouvelle expertise selon nous, ne met pas à mal la version de la légitime défense de mon client qui devait aussi protéger ses collègues sur place. Il a fait son travail comme il aurait dû , quand un fonctionnaire de police sort son arme, c'est que la situation l'y a contraint."
La famille de Babacar demande une reconstitution sur les lieux
A l'issue de cette audition, l'avocate de la partie civile n'a pas caché sa déception : "Nous avions l'espoir que le policier soit mis en examen au regard des pièces de la procédure. N'importe quel autre citoyen, sans cette qualité de fonctionnaire de police, l'aurait été."
Maître Gwendoline Tenier vient de demander qu'une reconstitution soit effectuée sur les lieux.
A l'issue de l'instruction, soit on s'oriente vers un non lieu , soit l'affaire est renvoyée devant la Cour d'Assises pour tentative de meurtre.
Le reportage à Rennes de Sandrine Ruaux, Catherine Jauneau et Thierry Bouilly
Archives décembre 2017 et décembre 2015 - Interviews : Gwendoline Tenier, avocate de la famille Gueye - Frédéric Birrien, avocat du policier