Série noire pour les hélicoptères du Samu en Bretagne : après celui de l'hôpital de Saint-Brieuc, c'est celui de Rennes qui est en panne. Les conséquences sont lourdes pour l'hôpital, les équipes de soignants, mais surtout pour les patients.
La Bretagne dispose de trois hélicoptères pour les services d'urgences médicales, à Brest, Rennes et Saint-Brieuc, gérés par la même société prestataire. Les trois rencontrent régulièrement des difficultés ces derniers temps. Celui de Saint-Brieuc a été immobilisé pendant un mois, mais l’hôpital Yves Le Foll a obtenu un engin de remplacement ce samedi 30 mars, plus petit, mais qui vole.
À Rennes, l’hélicoptère est cloué au sol depuis dix jours. Le Samu 35 espère en récupérer un, mardi prochain.
Des temps d'intervention plus longs et des équipes moins disponibles
L’hélicoptère de Rennes peut effectuer trois ou quatre vols par jour, un peu moins en hiver. Il intervient surtout sur des sorties primaires, c'est-à-dire le trajet entre le lieu de l’accident et l’hôpital. L’autre activité, ce sont les transferts de patients, d’un hôpital à un autre quand leur état de santé l’impose.
Ce qui signifie que les équipes sont contraintes, en l'absence d'appareil, de se déplacer par la route, avec des temps de trajet évidemment plus longs. Les conséquences sont d’abord pour les patients. Le temps est souvent un élément essentiel dans certaines situations, comme dans les cas d’infarctus par exemple.
L’autre conséquence est la mobilisation plus longue des équipes, qui ne sont donc plus disponibles pour d’autres interventions. Et en ces temps où l’on manque de personnel soignant dans les hôpitaux et que les services d’urgence sont en tension, c’est problématique.
🔴 Série noire pour les hélicoptères des #samu bretons : après celui de l’#hôpital de St Brieuc cloué au sol depuis début mars 2024, c’est celui du #CHU de Rennes dont le rotor n’a pas tourné depuis une semaine.
— @LesinfirmieresEncolere (@Lesinfirmieres1) March 31, 2024
(y a plus une tune pour réparer... sauf l'avion du président).
Ce qui est inadmissible, c'est que la pression soit mise sur les patients !
Professeur Louis Soulatchef du Samu 35
"La situation est insupportable" pour le professeur Louis Soulat, chef du Samu-35, qui ne cache pas sa colère, "On est désabusé, dit-il, car on assure une mission de service public et dans l'intérêt des patients, nous avons un contrat relativement cher à l'année. Et là, nous avons une machine inutilisable, pour une raison technique qu'on ne maîtrise pas trop." Ce qui est inadmissible, ajoute-t-il, c'est que la pression soit mise sur les patients !"
Il faut préciser qu'en ce long week-end de Pâques, il y a beaucoup de monde en Bretagne, plusieurs services d’urgence sont fermés la nuit, comme ceux de Vitré et Fougères et Ille-et-Vilaine, et c’est donc le Samu qui doit prendre le relais.
Et puis le contrat avec le prestataire, qui gère normalement le parc d’hélicoptères, prévoit normalement le remplacement de l’engin défectueux dans les 12 heures. Le contrat n’est clairement pas respecté, d'où l'incompréhension des équipes d'urgence.
Un prestataire défaillant
La société Babcock International est une entreprise britannique qui gère la flotte de 23 bases du Samu en France. Ces derniers mois, plusieurs hôpitaux ont eu des soucis avec ce même prestataire, c’est le cas notamment dans les Pays-de-la-Loire, dans le Centre-Val-de-Loire, en région Paca ou encore en Nouvelle Aquitaine.
Plusieurs services d’urgence ont ainsi tiré la sonnette d’alarme et le dossier est actuellement entre les mains du ministre de la Santé.
(Avec Maylen Villaverde)