Des lycéens rennais recréent une assemblée générale de l'ONU pour réfléchir sur le monde

Pendant deux jours, 130 lycéens rennais ont organisé la simulation d'une assemblée générale de l'ONU. Ils ont débattu de la situation en Ukraine. Un exercice entre théâtre et géopolitique pour apprendre à parler en public, découvrir les institutions et devenir des citoyens.

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Dans son treillis, rangers aux pieds, le lieutenant- colonel De Prat s’approche du micro. Tout au long de sa carrière, il a effectué des missions pour l’ONU et pour l’OTAN. Il a arpenté toutes les zones de conflit du monde. Il y a quelques semaines, il était en Pologne où Il a vu arriver les premiers réfugiés ukrainiens.


"Vous savez, les frontières de l’Ukraine sont des frontières très récentes, explique-t-il, elles datent de 1945. Avant cela, le pays a connu des tas de conflits. Pendant la seconde guerre mondiale, le moitié ouest du pays était alliée de l’Allemagne nazie, pendant que la partie est combattait aux côtés des russes. Les deux régions de l’Ukraine luttaient donc l’une contre l’autre."

En quelques minutes, le militaire brosse un portrait de la situation géopolitique du pays. Les lycéens écoutent attentivement. Dans quelques minutes, ils vont devoir trouver des solutions pour l’accueil des réfugiés ukrainiens.

Un exercice grandeur nature

Pendant deux jours, l’amphithéâtre du lycée est transformé en hémicycle de l’ONU. Les lycéens ont organisé une simulation d'assemblée générale de l’organisation des nations unies.

Garçons et filles ont troqué leurs jeans contre des costumes cravates, des tailleurs ou les costumes des pays qu’ils représentent. La délégation égyptienne est arrivée en uniforme militaire. Ninon Clément, qui représente l’Inde, a les cheveux cachés sous un voile de soie et un petit bijou sur le front.

"Les chaussures à talon font un peu mal au pied, mais ça nous aide à nous mettre dans la peau de nos personnages " confie Azilis Melin. Le temps de ces deux journées, elle est Secrétaire générale de l’ONU. Elle accorde la parole aux délégations, joue du marteau quand les échanges sont trop virulents et pour la jeune fille qui rêve un jour d'aller travailler pour l'organisation, c'est presque incroyable. 

Des débats aussi houleux que les vrais

Tous les codes des assemblées générales de l’institution sont respectés. Les drapeaux des différents pays flottent devant chaque délégation.

Loreleï Chauvel parcourt les travées dans un sens et dans l’autre. Elle est chargée de faire passer les petits papiers entre les états. "Comme ils ne peuvent pas se parler, ils se font passer des mots, cela leur permet de faire des alliances" éclaircit-elle.

Même les USA se sentent parfois bien seuls, alors Clémentine Fisselier adresse des messages aux uns et aux autres. "Comme ça, on peut vérifier si nous serons suivis dans nos propositions" explique la déléguée américaine.

Léo Coss est le représentant de l’Ukraine. A la tribune, il s’indigne "La Russie a engagé une guerre illégale et injuste dans une région pacifiste. Des gens meurent, ce sont mes frères, mes amis, ce sont vos amis."

Le jeune lycéen se réjouit d’avoir participé à l’aventure : "On doit connaître les règles de fonctionnement de l’ONU, ça nous permet de mieux comprendre ces grandes instances qui régissent notre monde. Ce n’est pas simplement quelque chose de lointain avec des technocrates qui prennent des décisions, mais c’est quelque chose sur lequel on pourra agir en tant que citoyens au moment des élections."

La Russie prend la parole à son tour, Léo tourne ostensiblement la tête puis fait mine de s’essuyer les pieds sur le drapeau de la nation qui a envahi son pays.

Léo n’est évidemment pas ukrainien, mais comme tous les autres lycéens qui se sont vus confier le sort d’une contrée, il se prête au jeu.

Une autre manière d'apprendre

Elouan Le Baccon, lui, a hérité des Emirats Arabes Unis. "J’ai tout lu raconte –t-il, des sites, des blogs, des rapports qu’ils ont remis à l’ONU pour me familiariser avec leurs points de vue sur les réfugiés, sur la géopolitique. Evidemment, je ne partage pas tout à fait leurs idées sur certains points, mais c’est un peu comme un rôle".

Et Elouan le joue à fond. Il frappe sur son bureau avec le poing comme on le fait à New-York. "J’ai préparé les arguments avec lesquels je pouvais attaquer les autres pays, anticipé leurs parades. J’ai appris beaucoup de choses."

Comme leurs ainés, les lycéens débattent pour trouver des solutions à la crise ukrainienne. Ils s’invectivent, se huent, s’applaudissent, se passionnent et ce faisant, ils apprennent à prendre la parole, en anglais en public, à défendre leurs idées et deviennent citoyens.

Et aussi une autre façon de grandir

"Ces quelques heures leur permettent de comprendre que les décisions sont prises par des gens qui ont des intérêts particuliers. Ainsi, ils seront des citoyens mieux renseignés" expose Damien Salvia, professeur d’histoire géographie au Lycée Victor et Hélène Basch et organisateur de l’évènement.

Le lieutenant- colonel De Prat acquiesce. "Ils arrivent dans le monde des adultes en comprenant les enjeux de la géopolitique qu’on leur sert tous les jours à la télévision. Mais là, ils ne sont pas passifs, ils sont actifs."

"En tant que citoyen du monde, c’est important de réfléchir à ces causes comme le sort des réfugiés" souligne aussi Ninon.

A la tribune, les délégués se succèdent. Certains pays proposent de cesser immédiatement d’acheter du gaz russe, d’autres d’envoyer des casques bleus.


Les lycéens ont finalement voté des résolutions pour faciliter l'accueil les réfugiés et pour mettre en place des sanctions économiques afin de faire cesser la guerre.

Ces décisions n’auront guère de poids sur la scène internationale, mais ces deux jours dans la tête de l’ONU, en auront sans doute dans leurs vies d’adultes.

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