Interpellés par les associations et les parents d'élèves sur la situation des familles de migrants dont des enfants dorment sous des tentes à Rennes, la maire Nathalie Appéré et le préfet Emmanuel Berthier répondent.
"38 enfants, ce sont des visages, ce sont des petits garçons, des petites filles, qui dorment dans les rues de Rennes. Dans le pays des droits de l'homme, qui a signé la Convention internationale des droits des enfants, c'est juste insupportable ! s'indigne la maire de Rennes Nathalie Appéré. Il faut simplement que l'État respecte la loi !"
Ce mercredi midi, 19 octobre, des parents d'élèves, scandalisés par le sort de ces petits migrants d'origine géorgienne, afghane ou tchétchène, camarades de classe de leurs propres enfants, ont organisé une chaîne humaine devant plusieurs écoles de la ville. Un appel aux autorités pour une intervention rapide et que cesse cette situation.
"Je suis aux côtés des parents mobilisés devant les écoles ce midi. Très sincèrement je me réjouis que dans cette ville, il y ait des parents à être révoltés parce que des camarades de classe de leurs enfants dorment à la rue !"
Nathalie Appéré, maire de Rennes
"Il y a un attachement à la dignité et à l'accueil et je veux porter cette voix-là !" a poursuivi l'élue, qui a rappelé que l'hébergement des migrants est de la compétence exclusive de l'État, pointant une politique migratoire qui ne fonctionne plus. Alors même que la ville a déjà créé 950 places, mais qu'elle n'arrive pas à faire davantage. Parce que des gens restent dans des dispositifs d'hébergement d'urgence pendant des années, alors qu'elles devraient en sortir.
"Nous avons des phénomènes d'engorgement" reconnaît le préfet
Ce mardi, la préfecture avait précisément réuni le comité régional pour le logement et l'hébergement pour mettre tout le monde autour de la table et mobiliser tous les acteurs sur cette question. D'un point de vue très comptable, Emmanuel Berthier, préfet de Bretagne, rappelle que la région compte 5 600 places d'hébergement d'urgence, et que 1 100 places supplémentaires ont été créées depuis 2019.
Mais il reconnaît des phénomènes d'engorgement, car sur l'ensemble de ces places, 550, soit 10%, sont occupées par des personnes qui auraient dû quitter l'hébergement d'urgence.
Ce sont soit des personnes déboutées du droit d'asile, soit des demandeurs qui ont obtenu le statut de réfugiés et qui pourraient prétendre à un logement social.
Il nous faut donc trouver des solutions vers un hébergement classique ou du logement pour ces réfugiés devenus statutairement des personnes que nous devons accueillir (...) La stratégie globale c'est le logement le plus vite possible, le logement d'abord même, si c'est possible.
Emmanuel Berthier, préfet de Bretagne
L'État compte ainsi sur la création de logements sociaux pour donner un toit à ces réfugiés. Il a ainsi battu le rappel des opérateurs.
Si l'an passé, 5000 logements sociaux ont été créés dans la région, l'objectif pour cette année est d'en produire 6200, une augmentation considérable. Et pour ce qui est de l'hébergement d'urgence, il reste aussi rappelle le préfet "à fluidifier l'accueil et l'orientation des demandeurs, car le 115 lorsqu'il reçoit des demandes ne trouve pas toujours de places pour tout le monde tout de suite."
Reste à souhaiter que devant cette volonté manifeste de faire progresser les dispositifs, les enfants et leurs familles trouvent rapidement un logement plus pérenne et n'aient plus à dormir sous la tente en ce mois d'octobre.