Les locaux de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ont fait l'objet mardi d'une perquisition dans le cadre de l'enquête sur l'essai clinique au cours duquel un volontaire est décédé en janvier au CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine).
Cette perquisition, effectuée en Seine-Saint-Denis par la gendarmerie, s'inscrit dans l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après le décès de ce volontaire lors d'un test de la molécule ("BIA 10-2474"), principalement à visée antidouleur, selon un protocole autorisé par l'ANSM et conduit par le centre d'essais cliniques Biotrial à Rennes.
Au cours de cette perquisition, les gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) ont saisi des "données informatiques", a précisé la source judiciaire. Contactée par l'AFP, l'ANSM n'a pas souhaité faire de commentaire. Six volontaires sains participant à l'essai de Phase 1 de cette molécule du laboratoire portugais Bial, avaient été hospitalisés en janvier et un d'eux, Guillaume Molinet, était décédé. Quatre des survivants présentent des lésions cérébrales.
Un rapport d'expert qui accuse la toxicité de la molécule
Dans leurs conclusions publiées mardi, les experts mis en place par l'Agence nationale de la sécurité du médicament ont estimé que l'accident mortel - "inédit" - de Rennes était "clairement lié" à la toxicité de la molécule testée. S'ils considèrent que "les règles semblent globalement avoir été respectées", celles de "bon sens" ont été bafouées à plusieurs reprises, soulignent-ils.Une note interne confidentielle
La perquisition, survenue le même jour que la publication du rapport, intervenait aussi après des révélations, le 13 avril, dans Le Figaro de l'existence d'une noteinterne et confidentielle de l'ANSM évoquant l'alerte d'un évaluateur sur des effets toxiques sur le système nerveux d'animaux soumis aux tests préliminaires. "Les informations contenues dans cette note jettent un sérieux doute sur le bien-fondé de l'autorisation de poursuite des essais de cette molécule sur l'homme", avait indiqué mardi dans un communiqué Me Jean-Christophe Coubris, avocat de la famille du patient décédé. Contacté par l'AFP, l'avocat a accueilli avec "satisfaction" cette perquisition, espérant "qu'à travers cette démarche de la justice sortira une vérité autrement plus cohérente que les conclusions présentées par les experts".
A la tête du groupe d'experts, le Pr Bernard Bégaud a estimé que la molécule mise en cause était "moins efficace qu'un médicament" déjà commercialisé et "pas plus efficace que plusieurs molécules de la même famille qui avaient été abandonnées pour cause d'inefficacité". Les experts ont par ailleurs évoqué "une probable accumulation progressive au niveau cérébral" de la molécule, en raison des doses répétées de 50 mg données aux victimes.