Examens à Rennes 1 : des étudiants de la faculté de droit contestent l'organisation en présentiel

Alors que les examens ont repris après les fêtes pour une quinzaine de jours, la présidence de l'université répond dans un esprit d'apaisement aux critiques de certains étudiants et justifie les choix faits avec toutes les parties concernées.

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Actuellement sur les campus rennais se déroulent essentiellement les partiels de droit. Les deux tiers des examens de l'université ont déjà eu lieu dans les mêmes conditions en décembre. Ils concernaient alors d'autres composantes comme la santé et toutes les sciences enseignées sur le campus de Beaulieu. L'université a relancé la suite des examens suivant le même protocole:


Des examens en présentiels avec des couacs

Sur les réseaux sociaux, des étudiants se plaignent d'avoir été convoqués 30 minutes avant le début de l'examen et de s'être retrouvés nombreux devant la fac de droit en centre-ville, avant de pouvoir entrer dans l'amphithéâtre. En cause : une fouille de chaque sac par une seule personne remarque Hugo Colomby "on flippait un peu là-dessus... de se retrouver entassés". Des personnels encadraient les étudiants et assuraient la sécurité sur le parvis devant la fac de droit, "mais il y avait une seule personne pour filtrer l'entrée et contrôler les sacs un par un".


L'autre mésaventure rapportée par l'étudiant, c'est qu'un des amphis prévus pour les examens n'était pas chauffé, sans doute par erreur. Il a fallu mettre deux groupes dans un même amphi chauffé.

Les étudiants du Master en droit de l'urbanisme étaient 80 et ceux de la Licence 3 de Science Po, 70. Tous ont eu la sensation d'être brassés inutilement avant de pouvoir prendre place dans un même amphi en gardant des distances. "On est favorable au présentiel, commente Hugo, parce que les étudiants souffrent de vivre dans 9 m2 ou perdus en campagne... mais il faut prendre des précautions." L'appréhension, confie-t-il, est aussi remontée d'un cran à l'annonce d'une mutation du virus plus contaminante.
 



Le plus remonté c'est Matéo Gouriou. À voir les files d'attentes s'allonger devant les sites d'examens à La Harpe, au Diapason comme à la fac de droit, il estime que les gestes barrières ne peuvent pas être suffisamment respectés.

Il s'en offusque ces derniers jours auprès de la présidence, des médias et du syndicat étudiant FSE. Ce 7 janvier, il écrit même une lettre ouverte au président de Rennes 1 sur sa copie d'examen.

 

Des craintes sanitaires plus fortes au retour des fêtes


Pierre Guillaudeux est étudiant en 3ème année de droit. Il est représentant étudiant à Rennes 1 et membre de l'association "droit des étudiants". Son premier examen depuis son retour des "vacances de Noël" était un oral le 5 janvier. Il s'est déroulé d'excellente façon du point de vue sanitaire avec des horaires différenciés. "J'ai un peu de craintes pour la semaine prochaine parce qu'on est une promotion très nombreuse : en 1ère année, ils sont 1100, les 2ème et 3ème années comptent chacune près de 750 étudiants. Donc il y a une crainte des étudiants sur ce côté sanitaire. Surtout qu'on entend maintenant parler d'une mutation du virus qui se propagerait plus chez les jeunes."
 

Du clavier au stylo... le temps des partiels


L'autre appréhension, souligne Pierre Guillaudeux, c'est que pour tous les étudiants, le précédent semestre a été suivi entièrement à distance et a souvent été difficile (avec des problèmes d'ordinateur, d'informatique et de réseau Internet). "C'est assez étrange d'avoir dû s'adapter tout un semestre à un enseignement à distance derrière un écran et un clavier, et de revenir subitement faire des examens en présentiel", avec un stylo et du papier.
"Pour toutes les promotions, cela fait un an qu'on n'a pas fait de devoir sur table, y compris pour les bacheliers qui n'ont pas vraiment passé un bac traditionnel et n'ont donc pas eu de gros examen depuis la 3ème !"

"Enfin,
ajoute Pierre Guillaudeux, il ne faut pas oublier que beaucoup d'étudiants ont dû quitter leurs logements par économie, par commodité ou par nécessité (plus de restaurant universitaire, plus de travail...) et sont souvent retournés chez leur parents". Aujourd'hui ils reviennent pour des examens et cherchent des logements de fortune. 

"Il y a aussi de l'incompréhension parce qu'on annonce des examens en présentiel mais pas de reprise des cours en présentiel
 " et donc toujours de l'incertitude sur le logement et les conditions de vie concrètes pour la poursuite des études jusqu'à l'été 2021.
 

Décisions démocratiques

Dans un communiqué sur le portail étudiant, l'Université de Rennes 1 a justifié les choix votés par les Conseils de composantes (les différentes filières de l'université: médecine, droit, chimie, philo, math, etc.) avec les élus étudiants et leurs suppléants dans chaque composante, puis validé par le Conseil académique de l'université Rennes 1 qui réunit les étudiants élus et les représentants des professeurs et des différents services de l'université.
"L'université souhaite assurer la meilleure équité de traitement entre tous ses étudiants. Le présentiel permet d'éliminer les disparités d'équipements et de connexion. Notre principal souci est votre santé, gage de votre réussite." explique le communiqué.
 

À ceux qui m'interpellent pour remettre ces décisions en question, je conseille de se rapprocher de leurs élus

David Allis

David Allis, le président de l'université de Rennes1 insiste sur le caractère démocratique des prises de décision:

"On répond vraiment à une demande de toute la communauté. Ces examens sont votés dans les conseils des facultés, et ont toujours été votés d'ailleurs, quasi à l'unanimité, parce-que les étudiants et tout le monde, souhaitent le retour à l'expérience étudiante, c'est à dire la vie sur les campus. Tous les examens en sciences se sont d'ailleurs bien passé en décembre 2020, parce qu'on a mis le paquet sur les consignes sanitaires."

Le président ajoute avoir tenu à rencontrer les responsables de la fac de droit, le doyen et les élus du Conseil de la fac de droit dès mardi soir, juste après le premier après-midi d'examen du 4 janvier.
 "Il n'y avait aucune remise en cause du présentiel, relate David Allis, plutôt une attitude constructive d'améliorer les détails et on a décidé d'échelonner, de faire venir les étudiants par demi-journées. C'est eux qui ont voté. La démocratie universitaire c'est ça : il y a des élus dans tous les conseils. À ceux qui m'interpellent pour remettre ces décisions en question, je conseille de se rapprocher de leurs élus."
 

Une organisation sécurisée et rôdée

"Depuis le printemps 2020, (...) l'université a su organiser des concours et examens en présentiel respectant les consignes sanitaires, préalable indispensable à son activité, sans générer de foyer de contamination" rappelle la présidence qui explique avoir aménagés 9 centres d’examens sur les 3 campus de Rennes pour accueillir les étudiants dans le strict respect du protocole sanitaire établi par le ministère d'une part et le respect des consignes de sécurité du plan Vigipirate porté au niveau "urgence attentat" d'autre part.
 

Si une personne a la moindre inquiétude, il y a des épreuves de substitution

David Allis, président de l'université Rennes1


Afin de ne pas exposer les étudiants vulnérables, un protocole spécifique a été mis en place, en lien avec le Service santé des étudiants. Ceux qui sont empêchés - c'est-à-dire: malades, cas contacts ou résidant avec des personnes vulnérables - peuvent bénéficier d’épreuves de substitution.
 

On ne change pas les règles en cours de jeu


David Allis ne regrette pas d'avoir été, comme la plupart des présidents d'université en France, favorable à un retour des étudiants à l'université en prenant des mesures simples et efficaces comme la présence des étudiants par demi-journées pour éviter les repas en restauration collective.
"Plusieurs présidents ont eu ce questionnement sur l'enjeu des examens : celui qui est en difficulté, c'est celui qui a tout changé au dernier moment et qui à dû subir des critiques très fortes des étudiants."

Pour finir, le président de Rennes 1 cite une étude faite au Québec : "les étudiants qui vont à l'université, devenue un lieu sanctuarisé avec le respect des gestes barrières etc., sont moins contaminés que les étudiants qui restent chez eux, a fortiori en résidence universitaire. Vous êtes tellement seul que ça crée des troubles et des difficultés mentales et que vous êtes finalement plus contaminé parce que vous vous retrouvez avec d'autres, parce que vous avez besoin de relations."

Selon le communiqué de l'Université de Rennes 1: 27.000 étudiantes et étudiants ont pu composer en toute sécurité, en décembre 2020, grâce au strict respect des mesures sanitaires.
10.900 sont convoqués pour passer un examen entre le 4 et le 16 janvier 2021, selon le même protocole désormais éprouvé.

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