Face au "choc des savoirs" de Gabriel Attal, des opposants réclament un choc des moyens pour l'Éducation et l'enseignement supérieur

Depuis ce mercredi 20 mars, une cinquantaine d'enseignants, parents d'élèves, étudiants et lycéens occupent l'Institut national supérieur du Professorat et de l'Éducation à Rennes. Ils dénoncent les conséquences des récentes réformes ainsi que le "choc des savoirs" promis par le Premier ministre Gabriel Attal qui vise à créer des groupes de niveau au collège.

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Ils sont sept à avoir passé la nuit sur place et prévoient déjà d'en passer une seconde ce jeudi 21 mars. À l'Institut national supérieur du Professorat et de l'Éducation (INSPE) à Rennes, la coupe est pleine.

Opposés au "choc des savoirs" voulu par le 1er ministre

Depuis ce mercredi 20 mars, une cinquantaine de parents d'élèves, enseignants, personnels administratifs, lycéens et étudiant occupent les locaux pour dénoncer les coupes budgétaires annoncées pour l'Éducation nationale et l'Université.

"Au moment où Gabriel Attal nous dit qu'il faut trier les élèves, il nous semblait important de nous retrouver dans le lieu qui nous a appris à tous les considérer, assure Philippe Melaine, professeur de SVT au lycée Descartes à Rennes et secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU en Ille-et-Vilaine. C'est un retour aux sources !" Ce lieu, c'est l'INSPE, l'institut chargé de former les futurs enseignants du 1er degré, 2nd degré ainsi que les personnels de l’Éducation nationale en Bretagne.

À lire aussi : Réforme du collège. "Les groupes de niveaux, on n'en veut pas" clament ces parents d'élèves et enseignants

En ligne de mire, de ces opposants, le "choc des savoirs" promis par le Premier ministre et notamment les groupes de niveaux au collège.

"On ne triera pas nos élèves", assène le professeur de SVT qui voit dans cette mesure "la fin de l'école pour tous".

On ne triera pas nos élèves.

Un professeur de SVT

Si cette mesure a mis le feu aux poudres chez les enseignants, elle est loin d'être la seule à être dénoncée aujourd'hui lors des assemblées générales organisées à l'INSPE de Bretagne. Dans leur viseur, Parcoursup, "qui pousse des lycéens à s'inscrire dans des formations payantes faute de places à l'université", la réforme Blanquer dans les lycées, "qui a provoqué une baisse du nombre d'élèves dans les filières scientifiques et en particulier chez les filles", dénonce Philippe Melaine, qui comptait dans son lycée cinq terminales scientifiques avant la réforme, contre deux groupes d'une vingtaine d'élèves désormais.

Près d'1,5 milliard d'économie pour l'Éducation nationale et l'enseignement supérieur

Autre crainte, les coupes budgétaires annoncées par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en février dernier, suite à la baisse des prévisions de croissance : l’éducation nationale devra rendre 692 millions d'euros, l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) 904 millions €.

"C'est une attaque sans précédent contre l'éducation, s'insurge Philippe Melaine. Dans l'enseignement supérieur, 900 millions d'euros, cela représente un tiers du financement des licences 3."

Alors après le choc des savoirs annoncé par le Premier ministre Gabriel Attal, les syndicats d'enseignants et de parents d'élèves appellent désormais à un choc des moyens pour l'éducation.

Dans le secondaire, à l'échelle nationale, depuis 2017, on a gagné 28 000 élèves et perdu plus de 11 000 professeurs.

Philippe Melaine

Professeur de SVT et secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU en Ille-et-Vilaine

"À force de couper dans le budget, on est à un point de rupture, s'alarme le syndicaliste, alors qu'on a les classes les plus chargées de l'OCDE. J'ai fait grève il y a 10 ans pour que nos classes ne passent pas la barre des 30 élèves. On en est à 35 aujourd'hui. En Ille-et-Vilaine, il nous manque 100 AESH [Accompagnant des élèves en situation de handicap]. Dans le secondaire, à l'échelle nationale, depuis 2017, on a gagné 28 000 élèves et perdu plus de 11 000 professeurs."

À lire aussi : Manque d’AESH : “Cela met en péril les enseignants et tous les enfants d’une même classe” les parents d’élèves se mobilisent en Ille-et-Vilaine

Résultat, les situations où les professeurs ne sont pas remplacés sont légion :  "A Saint-Malo, des élèves de terminale ont dû changer de spécialité, faute de remplaçant. À Rennes, des collégiens sont restés deux mois sans professeur de physique."

Un manque de moyen, responsable également de la chute des vocations selon lui alors que les enseignants français gagnent la moitié moins que leurs homologues allemands :  "en 10 ans, on compte 47% de candidats au concours du Capes."

Dénonçant une attaque sans précédent contre l'accès à l'éducation, parents d'élèves et enseignants ont prévu de maintenir l'occupation de l'INSPE de Bretagne jusqu'à au moins ce vendredi 22 mars.

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