Faut-il craindre une recrudescence du Covid-19 avec la saison touristique? Le point de vue du Professeur Matthieu Revest

Face aux interrogations que soulèvent les reconfinements dans des pays voisins comme l'Espagne, l'apparition d'un cluster en Mayenne, ou les 32 nouveaux cas de Covid-19 détectés en Bretagne ces derniers jours, faut-il craindre l'arrivée des touristes? Nous avons posé ces questions à un spécialiste.

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Depuis le déconfinement, la circulation du virus SARS-COV-2 en France augmente à nouveau. En Mayenne, des dépistages massifs sont en cours pour contrôler l'épidémie. En Bretagne, des tests sont proposés à 63000 costarmoricains. En Europe, un pays touristique comme l'Espagne a même dû reconfiner des zones en Galice et en Catalogne. Alors, faut-t-il redoubler de vigilance avec l'afflux de touristes en Bretagne? Nous avons posé la question au Professeur Matthieu Revest, infectiologue dans le service "Maladies infectieuses et réanimation médicale" au CHRU de Rennes.


En Bretagne et autour, le nombre de cas positifs augmente, en particulier en Mayenne: qu'y a-t-il à craindre ?

Il n'y a pas à craindre quoi que ce soit. Il faut bien comprendre que tout ce qui se passe actuellement ce sont des choses qui étaient attendues. D’abord, en augmentant les dépistages, c'est normal que l'on découvre des clusters dormants. On savait qu'ils existaient et on s'y attendait mais il fallait des tests pour les trouver. La Mayenne est en vigilance, mais la région Bretagne ne l'est pas. Certes, au niveau français, on voit que ça remonte peut-être un peu, mais ça reste faible et sur le territoire français métropolitain on est encore dans une circulation très faible du virus.


Donc, vous n’êtes pas inquiet de voir des gens sans masque dans les magasins?

C'est important effectivement de garder des masques dans les endroits clos et d'avoir une bonne hygiène des mains également. Il faut maintenir la distanciation sociale. Oui, il faut maintenir les mesures barrières, mais l'autre élément très important dont on ne parle pas assez, c'est que dès qu'on a le moindre symptôme qui évoque une infection virale; si on se sent patraque ou si on a le nez qui coule; il faut très vite consulter un médecin pour pouvoir faire un test.

Et aussi sans attendre, il faut prendre des mesures d’auto-confinement, c’est-à-dire éviter de rencontrer des gens pour éviter de transmettre éventuellement la maladie même si on n’en a pas encore la preuve, en attendant le résultat du test.


Faut-il s’inquiéter de l’arrivée des touristes ?

L’arrivée des touristes c'est plutôt une bonne chose. Moi je suis toujours content quand des gens qu’on ne connait pas, viennent nous voir.
Je ne suis pas particulièrement inquiet pour ça, les touristes viennent de régions où l’on respecte les mesures barrière avec la même conscience qu’en Bretagne. On va vivre avec ce virus longtemps mais il faut réussir à trouver un fonctionnement compatible avec une vie sociale, économique et psychologique confortable. Je ne suis pas particulièrement inquiet à partir du moment où on répète qu’il faut respecter les gestes barrières et qu’il faut porter le masque dans les endroits confinés.


Il y a une aggravation légère des cas positifs, faut-il s’alarmer?

Ces deux mots ne vont pas ensemble : on savait qu’après le déconfinement il y aurait des cas dépistés tout l’été. C’était illusoire de penser qu’après le déconfinement l’histoire serait réglée. Ce qui se passe actuellement était attendu et il ne faut pas s’alarmer trop vite.

On dit qu’il y a une augmentation du nombre de cas mais quand on passe, par exemple, de 1 cas par million d’habitant à 2 cas par million d’habitant, certes, on multiplie par deux et on peut dire que le nombre de malades a doublé. Mais si je dis seulement que le nombre de cas a doublé ça peut paraitre très inquiétant, alors que si on regarde le chiffre absolu c’est très faible ! C’est la façon de présenter les choses qui peut être inquiétante.


Mais le taux de reproduction du virus n'a-t-il pas augmenté au dessus de 1 ?

Oui mais c'est normal ! L’objectif du confinement c’était de faire en sorte de faire retomber en dessous de 1 le taux de reproduction du virus [ ndlr : taux qui correspond au nombre de personnes infectées par un malde (il dépassait 2,8 avant le confinement) ]. On savait qu’après le déconfinement il augmenterait à nouveau.
Seulement, l’interprétation de ce taux qui est très intéressant pour les épidémiologistes, varie avec le niveau d’information des gens et l’attitude de chaque individu. Si quelqu’un est infecté et va sans masque dans un lieu confiné avec plein de monde : le taux de reproduction va vite être supérieur à 1. Mais si la personne infectée met en place les mesures barrières, même sans se confiner [ndlr : on peut être malade et l’ignorer] alors le taux de reproduction du virus va rester largement inférieur à 1.


Pourtant il est remonté à 1,05 

Oui, mais c’était attendu, ce n’est pas inquiétant si on reste tous vigilant.


Aura-t-on comme dans les pays voisins de nouveaux confinements?

L’histoire n’est pas finie, on va voir des cas survenir où il faudra confiner localement de temps en temps c’est certain. Mais il faut que chacun, sans angoisse démesurée, fasse sa part de travail. Et cette part de travail, je le répète, c’est que dés qu’on a des symptômes on va voir un docteur pour se faire dépister, on met un masque dans les zones confinées (lieux fermés), on se lave les mains très régulièrement, et on respecte la distanciation sociale. Et si on fait tous bien cela on n’aura pas de problème.
 
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