L'agriculture urbaine, un phénomène très tendance pour les grandes métropoles teintées d'écologie. Le réalisateur Émilien Bernard prend l'exemple du "potager des cultures" de Rennes pour comprendre le rôle et les enjeux de cet espace vert compressé au milieu du béton.
Avec "La carotte et le béton" le réalisateur Émilien Bernard suit l'aventure du "potager des cultures" dans le quartier populaire du Blosne dans le Sud de Rennes.
Pendant un an une équipe de bénévole se bat pour créer un potager sur les vestiges d'une ancienne terre agricole avalée par la ville. L'ambition de ce projet est d'offrir de l'accessibilité alimentaire et de l'éducation au bien manger. Cette ferme en sera l'outil.
Ce film saisissant ouvre les yeux sur l'antagonisme de notre époque. Quand malgré les enjeux sociétaux de notre époque et la volonté du collectif, la politique de l'urbanisme prend le pas.
► La carotte et le béton
Il est plus facile de faire couler le béton que de faire pousser des carottes
La pollution des sols en ville est le sujet délicat pour l’agriculture urbaine. De 50 à 60 % des sols en ville sont pollués par l’ensemble des activités humaines. Des rejets de polluants comme les solvants ou les hydrocarbures se retrouvent dans la terre et empêchent les maraichers de l'utiliser.
La petite ferme du Blosne n'échappe pas à cette situation. L'association découvre que le terrain proposé par la ville pour accueillir leur projet est trop pollué pour y faire pousser des légumes. La caméra de Emilien Bernard est encore présente quand l'association Les Cols Verts de Rennes découvre que même la terre fournie pour leurs grands bacs est également trop polluée.
Par la volonté de Hélène Brethes et de son association, un petit bout de campagne réussi à revenir en intra-rocade. Les habitants du quartier vont pouvoir voir une maraichère travailler au quotidien. Faire pousser des légumes ne se fait pas tout seul.
Changer le système alimentaire
La micro-ferme est un outil. Pour Hélène "l'objectif principal est de faire comprendre qu'il faut changer le système alimentaire, revenir à un modèle plus local et comprendre le vrai coût des produits". Bien-sûr l'association offre du lien social et permet aux habitants de faire de l'agriculture en commun, mais le but est plus profond : on y parle agroécologie, alimentation, aménagement d'espace, compost.
Une ferme en ville permet de pouvoir y aller plus facilement afin de se reconnecter avec la nature.
Des fermes urbaines il doit y en avoir plus, il faut qu'il y en ai plein.
Hélène Brethes
Avec son potager, Les Cols Verts de Rennes comptent déjà 2000 personnes à l'année venues découvrir les plaisirs du maraichage.
Malgré l' engagement des bénévoles et le succès auprès des résidents du quartier, la ferme doit faire face aux enjeux d'une ville attractive qui connait une pression immobilière très importante.
La petite ferme face à la pression immobilière
Le soutien et les promesses des élus finissent par se dissiper. La réalité économique d'une grande agglomération s'impose comme un couperet. "Le potager des culture" devra laisser sa place à l'extension d'un l'hôpital.
Le réalisateur Émilien Bernard donne la parole aux élus afin de comprendre les raisons de ce changement qui démoralise tant les acteurs du projet. La ferme urbaine était née du budget participatif de la ville de Rennes. 10.000 euros avaient été versés pour lancer la micro-ferme et les élus de la ville n'avait pas manqué de communiquer sur le sujet.
Mais "faire une ferme urbaine est un choix politique qui implique de créer du déficit" explique le premier adjoint à l'urbanisme de la ville de Rennes. Les choix politiques d'un temps doivent s'adapter aux réalités du moment.
Le vice-président de Rennes Métropole et élu écologiste Matthieu Theurier explique la nécessité de "densifier la ville tout en créant un équilibre et faire des espaces de respiration pour les habitants". Il met en valeur "le risque de forte pression financière qu'engendre un manque de logement pour une ville en plein accroissement".
La ferme urbaine de Rennes ne va pas disparaitre. La ville va proposer aux Cols Verts de Rennes un nouvel espace.
Une énergie positive inarrêtable
"Les faits sont là, à nous d'en tirer du positif" voilà les mots du collectif quand ils font face à leurs premières difficultés. L’accessibilité alimentaire et l’éducation au bien manger de populations sont des enjeux si fort pour Hélène Brethes et l'équipe de passionné qui l'entoure que les difficultés se transforment en point de passage.
Ni moralisateurs, ni donneurs de leçon, les Cols Verts de Rennes s'arment de pelles, de jeux éducatifs et d'une bonne dose de témérité pour tenter de montrer que la nature a sa place en ville, et que bien manger n'est pas une lubie de bobo. Dans le sillage d'Hélène, cette jeunesse en mouvement ne veut pas faire la révolution dans son coin, ne veut plus attendre pour agir, pour s'engager dans une écologie de terrain, humaine, solidaire.
"La carotte et le béton"
Un film de Émilien Bernard, lundi 1er novembre sur France 3 Bretagne
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