Fin des véhicules thermiques en 2035. Réactions mitigées à l'usine Stellantis (ex-PSA) de Rennes

Le Parlement européen a approuvé ce 8 juin la proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions des automobiles neuves à partir de 2035, n'autorisant de fait que la vente de véhicules électriques. Partagés sur la nécessaire évolution écologique portée par ce vote, les syndicats de l'usine automobile rennaise y voient tous une menace pour l'emploi.

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Ce n'est pas une surprise. Sur ce point, les deux syndicats CGT et CFDT majoritaires à l'usine Stellantis de Rennes-La Janais sont entièrement d'accord.

Le texte sur la régulation des émissions de CO2 des voitures et camionnettes, adopté ce mercredi 8 juin dans la soirée par 339 voix pour, 249 voix contre et 24 abstentions au parlement européen, valide la proposition votée par la commission de Bruxelles le 11 mai dernier. Réduire à zéro les émissions des automobiles neuves à partir de 2035 revient à n'autoriser, à compter de cette date, que la vente de véhicules électriques.

Menaces pour l'emploi

Nous savons pertinemment que la fabrication de véhicules électriques va nécessiter moins de personnel

Christine Virassamy, déléguée centrale CFDT

La CFDT avait appelé les députés européens à soutenir cet objectif de 100% de ventes de voitures et camionnettes zéro émission en 2035 : "Nous devons avoir une attitude responsable et assumer cette transition. L’avenir de l’automobile sera vert sinon l’automobile n’aura pas d’avenir tout comme le reste de l’humanité d’ailleurs. Réussir cette mutation est une obligation au regard des générations futures."

En précisant la nécessité de "moyens pour que la transition sociale démarre le plus en amont possible de 2035 avec des outils législatifs qui protègent les salariés et permettent des reconversions réussies vers de nouveaux emplois."

"Nous sommes en phase parce qu'il y a là une opportunité de créer de nouveaux emplois. Les emplois impactés peuvent être transformés en lien avec la transition énergétique" explique la représentante CFDT du site de La Janais, Christine Virassamy.

"Nous savons pertinemment que la fabrication de véhicules électriques va nécessiter moins de personnel. Mais la direction ne nous a encore rien indiqué de précis." poursuit-elle.

On pense que ça va un peu vite et on a surtout la problématique du maintien des emplois

Mickaël Gallais, délégué CGT

Moins convaincue de la pertinence écologique de cette mesure, la CGT craint notamment que les équipements nécessaires au tout électrique comme les bornes de charge ne soient pas prêts à temps. Et estime que le recyclage des batteries n'est pas abouti. "C'est loin d'être clair en terme de gain écologique" commente le délégué CGT de La Janais, Mickaël Gallais.

Mais la principale réserve du syndicat concerne aussi les emplois : "Ce ne serait pas Stellantis qui fabriquerait les batteries. Nous on ne ferait que l'assemblage et ça demande moins d'emplois" explique Mickaël Gallais.

Une transition vers l'électrique déjà engagée

Le 26 octobre dernier la direction de l'usine Stellantis La Janais annonçait que le site allait produire le futur CR3, qui remplacera la Citroën C5 Aircross.

La production, prévue pour démarrer début 2025 avec 100 000 véhicules par an, s'accompagne d'une nouvelle plateforme dédiée à l'assemblage des batteries électriques. "Une habilitation électrique spécifique est nécessaire pour travailler sur cette plateforme. Cela va nécessiter une montée en compétence, une formation des salariés. Mais les besoins en effectifs resteront moindre" explique Christine Virassamy.

Les syndicats ne craignent pas le recours aux licenciements, mais redoutent le non-remplacement des départs en retraite. Le site Stellantis de La Janais, qui emploie plus de 1700 salariés, compte une forte proportion de personnels âgés de plus de 55 ans susceptibles de quitter leurs postes d'ici 2026.

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