Elisabeth Borne a annoncé, ce jeudi 15 juin 2023, de nombreuses mesures pour venir en aide aux campagnes françaises. Son plan "France ruralités" est censé répondre aux enjeux du monde rural mais les maires restent prudents face aux annonces. Louis Pautrel, le président des maires ruraux d'Ille-et-Vilaine, livre ses impressions.
Le plan France ruralité du gouvernement a été lancé, ce jeudi 15 juin 2023, par la Première ministre Elisabeth Borne. Quarante mesures ont été annoncées pour venir en aide au monde rural et aux quelque 20 millions de Français qui vivent à la campagne.
Les maires ruraux bretons que nous avons contactés restent prudents sur ces annonces. Réaction de Louis Pautrel, le président des maires ruraux d'Ille-et-Vilaine.
Quelle est votre première impression à la suite des annonces de la première ministre ?
Louis Pautrel : Tout d'abord, on peut être rassuré de voir que le gouvernement prend en compte nos préoccupations, nos inquiétudes et nos besoins. Il y a une dizaine d'années, on pouvait dire les choses mais ils n'entendaient rien là-haut. Là ils nous entendent.
Après, il faut voir comment vont se concrétiser ces bonnes intentions. Dans le passé, on utilisait une expression : "On est comme saint Thomas, on ne croit que ce qu'on voit." La formule s'applique bien ici.
Vous ne croyez pas aux annonces du gouvernement ?
Louis Pautrel : La communication est bien faite, dans le joli cadre rural de la Vienne. Mais on veut du concret. On ne peut pas se satisfaire des annonces. On veut des moyens.
Ils ont diagnostiqué les maux des territoires ruraux, c'est une bonne chose. Mais on demande une véritable ordonnance avec des soins appropriés. Par exemple sur la désertification médicale - qui inquiète tous les habitants quels que soient les âges et les conditions - vous pouvez construire des maisons de santé dans toutes les communes, il n'y aura pas plus de médecin dedans. Trouvez-moi un médecin qui n'a pas déjà trop de travail. Même dans les villes, il y a des pénuries de médecins. Ça ne résoudra donc pas le problème.
Et sur la question de la mobilité… C’est quoi une mobilité innovante en secteur rural ? S'il y avait des solutions faciles elles seraient déjà en place.
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Vous reprochez au gouvernement de ne pas être assez dans le concret ?
Louis Pautrel : Il y a trop de flou. Les territoires ruraux veulent peser le même poids que les métropoles et les grandes villes. La ruralité, ça représente 88% de l'espace. C'est énorme. Un tiers de la population vit là. On veut un rapport de force inversé qui prenne en compte la notion d'espace et qu'on arrête de tout résumer à la notion démographique.