À l'été 2023, une expérimentation inédite en Bretagne va débuter dans le Pays de Landivisiau (Finistère), en partenariat avec la SNCF. Les usagers de la route vont être encouragés à se déplacer autrement : vélos électriques, voitures électriques sans permis, covoiturage seront mis à leur disposition dès le mois de juillet.
"En 2022, on s’est dit qu’il fallait y aller, que les mobilités étaient le sujet de demain", explique Rachel Wadoux, responsable du service aménagement et mobilité à la communauté de communes du Pays de Landivisiau (CCPL), dans le Finistère.
Les efforts de l’intercommunalité vont enfin porter leurs fruits car deux nouveaux lieux dédiés aux mobilités douces vont être inaugurés à la fin du mois de juin. Les usagers auront à leur disposition de nombreux outils.
Dans une station à Guimiliau et près d'un mât métallique à Plouzévédé, ils pourront louer des vélos-cargos électriques et des voiturettes sans permis électriques. Les deux équipements sont aussi un point de rencontre idéal pour pratiquer le covoiturage ou l'auto-stop.
Construire une pratique multimodale
L'intercommunalité veut mettre en place de nouvelles pratiques. "Ce dont on rêve, c’est que les habitants aient le réflexe de passer par ces équipements, relate Rachel Wadoux. Il s’agit de montrer qu’il est possible d’avoir plusieurs types de mobilités, en additionnant par exemple le vélo et la voiture."
L’expérimentation, menée en partenariat avec la SNCF, va durer un an à partir de juillet 2023. "Pour quelqu’un qui n’a pas forcément d’alternative à l’autosolisme, au fait d’être seul dans sa voiture, notre objectif est de matérialiser l’existence d’autres solutions" résume encore la responsable du service aménagement et mobilité.
Une personne âgée qui a besoin d'aller faire des courses à Landivisiau peut utiliser notre station
Rachel Wadoux,Responsable du service aménagement et mobilité Pays de Landivisiau
Les besoins ont été identifiés après une première année d’ateliers et d’échanges avec les habitants. Le moment est opportun car la communauté de communes est aussi en train de revoir son schéma directeur des mobilités actives (SDMA). "Tout s’enchevêtre en réalité, selon Rachel Wadoux. Le SDMA, qui sera adopté d’ici la fin de l’année, réfléchit aux aménagements cyclables, aux services associés à la mobilité à vélo, comme la location ou la réparation, ainsi qu’à la pédagogie envers les usagers." De quoi favoriser le recours au vélo dans les stations multimodales.
Une première expérimentation en Bretagne
L’expérimentation veut aussi encourager de nouvelles mobilités pour se rendre à la halte SNCF de Guimiliau et à la gare de Plouzévédé. "L’accès au train reste difficile. Par conséquent, en augmentant les mobilités, mécaniquement on augmente l’accès aux gares" conclut Laurent Eisenman, directeur du programme « Nouveaux usages et services ruraux » à la SNCF.
Le groupe ferroviaire a en effet investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans le projet. La SNCF finance par exemple une thèse en psychologie sociale comportementale, à l’université de Rennes-1, afin d’étudier les nouvelles habitudes des usagers. C’est en fait tout un protocole expérimental qui a été mis en place.
À Plouzévédé, un fort potentiel de covoiturage a été identifié. La commune de Guimiliau, quant à elle, se situe sur un axe stratégique, entre les Monts-d’Arrée et Landivisiau, à proximité de Sizun et de Châteaulin notamment.
"La voiture est encore là pour longtemps, mais elle coûte cher et on peut aussi ne pas en avoir. Développer les mobilités douces, c’est aussi développer le lien social, le tourisme et participer au dynamisme du territoire" énumère Laurent Eisenman.
Les deux mobiliers urbains resteront installés sur le long terme mais un premier bilan sera tiré par la SNCF à la fin de l’année d’expérimentation. Il prendra en compte des données concernant la pratique du vélo, la pratique de la conduite, ainsi que les résultats d’une enquête menée auprès des habitants.