Du 6 au 16 décembre 2022, les habitants de l’île de Ouessant expérimentent, via des vélos, l'utilisation d'hydrogène renouvelable. Cette source d’énergie, stockable, est produite à partir de l’électricité de l’hydrolienne Sabella, immergée dans le passage du Fromveur.
La saison ne s’y prête pas forcément, et pourtant la bicyclette pourrait bien faire de nouveaux adeptes sur l’île d’Ouessant. Car en ce début décembre les Ouessantins sont les premiers français à pouvoir tester des vélos à hydrogène renouvelable, et qui plus est, local. Cet hydrogène est, en effet, produit à partir de l’électricité de l’hydrolienne Sabella immergée dans le passage du Fromveur. Cette turbine est la première dans son genre, à avoir été raccordée au réseau électrique en France.
Electricité + eau = hydrogène
Du côté de Penn Arlan un nouveau module a donc pris place aux côtés des deux containers de l’entreprise qui exploite l'hydrolienne. "Le premier container permet de piloter l’hydrolienne qui produit l’électricité dans l’eau et fait le lissage de cette énergie avant de l’injecter dans le réseau de ville,. Le deuxième container assure l’interface entre le réseau et la centrale thermique de l’île " détaille Fañch Le Bris, le directeur général de Sabella.
Le troisième et dernier arrivé est donc le container dédié à la production d’hydrogène par électrolyse. Ce démonstrateur a été installé par l’entreprise finistérienne H2Gremm. "L’énergie électrique alimente un électrolyseur, qui est également alimenté en eau. L’électricité va permettre de couper la molécule d’eau en 2. On va rejeter l’oxygène vers extérieur et garder l’hydrogène, qu’on va compresser, de façon à pouvoir le contenir dans une bouteille à 350 bars." explique Alain Rocheux, le président de H2Gremm.
Pour Denis Palluel, le maire de Ouessant, ce procédé est écologiquement vertueux et prend tout son sens sur son île : "Ce qui me plait c’est que c’est de l’hydrogène vert. Mettre des vélos électriques à Ouessant en brûlant du fioul ca n’a pas de sens. La mobilité verte ça passe d’abord par l’énergie verte".
Une réponse aux enjeux du stockage et du transport de l’énergie
Comme les porteurs du projet Energy Observer à Saint Malo, partout dans le monde les entreprises et les collectivités investissent dans la recherche autour de l’hydrogène. Car cette énergie a le gros avantage de pouvoir être stockée
"Associé à une source d’énergie renouvelable, un électrolyseur permet de convertir l’excédent d’électricité en hydrogène, et de stocker cette énergie sous forme compacte" explique Robin Falcone, ingénieur projets au sein de Sabella.
L’hydrogène peut aussi être transportée plus facilement "Cela limite drastiquement les coûts et les pertes liés aux longues distances entre le site de production d’électricité hydrolienne et les zones de consommation" précise l’ingénieur.
Ouessant, laboratoire de la transition énergétique
Comme Sercq et les Îles Scilly, Ouessant fait partie des sites pilotes intégrés au projet européen Interreg Manche ICE (Intelligent Community Energy), coordonné par Bretagne Développement Innovation. A ce titre l'île finistérienne teste des technologies de pointe comme de nouveaux modes de production ou de stockage d’énergie bas carbone. Cette nouvelle expérimentation, menée en partie grâce , s’inscrit donc dans la suite logique.
Au delà de cette expérimentation de vélos verts, l'hydrogène pourrait être une solution de stockage d’énergie à grande échelle, beaucoup plus efficace et durable que les batteries au lithium-ion : fabriquer de l’hydrogène lorsqu’on surproduit de l’électricité renouvelable pour l’utiliser ensuite quand on en a besoin. L'entreprise Sabella a d'ailleurs lancé un projet de production sous-marine d’hydrogène, couplé à son hydrolienne à l’horizon 2028. Le brevet sera déposé avant Noël.