Hommage de Dominique A à Philippe Pascal : un livre et sa bande-son

Dominique A rend hommage au chanteur rennais Philippe Pascal (Marquis de Sade, Marc Seberg), décédé il y a un peu plus d'un an. Un livre relate des échanges jusqu'à la veille de sa mort avec celui qui fut pour lui une référence. Il sort aussi un album avec une reprise de Philippe Pascal.

Dominique A vous le dirait lui-même, il n'était pas un proche de Philippe Pascal. Oui, il l'admirait, quand la voix du chanteur résonnait à Rennes et au-delà des murs de la ville rock du début des années 80. Oui, il l'a croisé au cours de sa propre carrière, mais ce qui suffirait à certains pour s'attribuer les plus intimes affinités, ne suscite que respect et pudeur chez Dominique A.

Alors pourquoi s'est-il senti légitime à écrire un livre sur Philippe Pascal ? D'abord parce que le jeudi 12 septembre 2019, la mort brutale de Philippe Pascal fut un choc.


"Le deuil d'une certaine jeunesse"


Dès la première page de "Fleurs plantées par Philippe", Dominique écrit : "Philippe Pascal était mort, et le cours de nos vies, d'une certaine façon, en était altéré." Des mots forts que l'auteur justifie. "Je reconnais que je me suis interrogé sur cette phrase, nous confie-t-il,  mais c'était un vrai deuil pour moi et d'autres gens que je connaissais. Le deuil d'une certaine jeunesse en quelque sorte".
 
 

On a convenu de se voir, le lendemain j'apprends qu'il s'est tué

Dominique Ané

Alors un livre s'impose. Pour faire ce deuil. Il faut des mots aussi pour décrire le rendez-vous qui se préparait et qui n'aurait plus lieu. En cette fin d'été 2019, Philippe Pascal tarde à écrire de nouvelles chansons pour le troisème album de son groupe Marquis de Sade, reformé en 2017. Son épouse contacte alors Dominique A pour une écriture à quatre mains.

"Sa femme Claire le voyait en souffrance, ne parvenant pas à écrire. Elle m'a contacté pour me proposer cette collaboration. On a eu un échange de mail avec Philippe, on a convenu de se voir à Rennes pour en parler, et le lendemain j'apprends qu'il s'est tué". Sidéré, Dominique A devient involontairement mais directement concerné par cette mort. Ressurgissent alors les rendez-vous manqués, les projets inachevés de partager la scène.
 

Reviennent aussi les souvenirs des débuts, ceux que Dominique A chante dans "Nationale 137" (Ndlr. Titre bonus de l'album "Toute Latitude", 2018), quand Rennes et Nantes se tournent le dos, quand Rennes bouillonne et représente tout ce dont rêve le jeune nantais Dominique. Une ville où les talents musicaux éclosent. Il se souvient de son audace un jour d'y venir chanter dans un café concert. Il a accepté d'y retourner pour nous.
 

"J'avais un p'tit doute mais c'est bien ici. J'y est joué dans les années 80 avec mon premier groupe John Merrick. C'était pas très bon. On faisait du rock rennais à la nantaise". 

Et c'était quoi du rock rennais à la nantaise ? "Du mauvais rock rennais", répond avec un large sourire celui qui a depuis signé une quinzaine d'albums.
 

Le dernier opus est encore chaud. "Vie étrange" a été pour partie composé durant le confinement, celui du printemps et il sort au début du second. Pas de chance, mais "il faut que ça continue, l'art et la culture doivent circuler quelles que soient les circonstances. Ce serait un renoncement pour moi de ne pas diffuser les choses, surtout un disque qui s'inspire directement de ce qu'on vit". Inspiration très concrète sur le titre album, hommage au chanteur Christophe.
 
 

Une reprise de "L'éclaircie"


Dominique A a aussi trouvé du réconfort durant le confinement en jouant chez lui les accords de "L'éclaircie". Une chanson du groupe Marc Seberg, la deuxième formation de Philippe Pascal. Il en fait une reprise qui tient parfaitement sa place sur ce dix titres.

"C'était les premiers jours du confinement, j'étais un peu perdu comme tout le monde. J'ai commencé à égrainer quelques accords et je me suis rendu compte que c'était les accords de "L'éclaircie". Je me suis mis à chantonner et je me suis dit que ce serait pas mal de travailler sur une reprise. Ca a été pour moi une vraie bouée de sauvetage".

Pudeur encore une fois, Dominique A a vécu cette reprise comme un acte qui engage, au point de craindre que son intention soit mal interprétée. Mais pas de doute, le geste artistique est réussi et sincère.

 
Dominique A fournit une bande musicale à son récit. L'auteur nous dit un peu de l'intimité qu'il avait fini par partager, tardivement, parcimonieusement, avec Philippe Pascal. Il tente de comprendre la douleur qui accompagne la création parfois. Comment réveiller le passé, même dans ce qu'il a produit de plus beau aux yeux du public, peut tirer un artiste d'une quiétude qui lui était désormais nécessaire et dont l'entretien quotidien ne souffrait plus de pas de côté.

Le concert de reformation de Marquis de Sade le 16 septembre 2017 fut pourtant magnifique. Les étoiles se rallumèrent au-dessus du groupe éclair du début des années 80. Elles appelaient déjà Philippe Pascal. Le savait-il ?
 

A lire également :  "Solide", un livre d’entretiens biographiques avec le journaliste Grégoire Laville, éditions Locus Solus.

 
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