Depuis cinq jours, l'Ille-et-Vilaine et le Morbihan subissent des pluies sans précédent. Toutes les rivières et les cours d'eau sont saturés. Ces inondations peuvent permettre de s'interroger sur la façon dont les populations occupent les sols.
En France, un habitant sur quatre vit en zones inondables. Les inondations sont une des premières sources de catastrophes dans le pays. Depuis dimanche 26 janvier 2025, la Bretagne est touchée par ce phénomène météorologique. L'Ille-et-Vilaine et le Morbihan restent en vigilance rouge crue, ce jeudi. Entouré de rivières, de marais et d'un canal, le secteur de Redon, qui compte près de 10.000 habitants, est particulièrement vulnérable.
Depuis 60 ans, la moitié des zones humides de la région ont été détruites, au profit d'une urbanisation grandissante. Des maisons ont ainsi été construites en zones d'expansion de crue. En Bretagne, 3 847 arrêtés de catastrophe naturelle pour inondation ont été pris depuis 1982, c'est presque la moitié des arrêtés régionaux. Mais malgré cela, les constructions en zones inondables continuent.
Les digues, une fausse bonne solution ?
La France a révélé, en 2014, sa stratégie nationale de gestion des risques d’inondation. Son objectif est d’assurer la sécurité de la population et de réduire les conséquences humaines et économiques. L'Observatoire de l'environnement en Bretagne a détaillé dans une carte les territoires à risque important d'inondations. Sans surprise, 46 communes sont concernées entre Rennes et Redon, ce sont plus de 34 000 habitants exposés aux inondations.
Alors, les territoires doivent s'adapter. La ville de Redon, par exemple, possède une digue de 5,20 m qui protégeait un des quartiers. Mais pour Pauline Pennober, chargée de mission Politique de l'eau pour l'association Eau & Rivières de Bretagne, ces aménagements sont de "fausses bonnes solutions. C'est bien pour les petites crues. Mais le jour où elle est plus importante, les habitants sont surpris, car ils se croyaient protégés", explique-t-elle en précisant que "ces aménagements coûtent très cher et demandent beaucoup d’entretien".
De nouvelles façons de construire nos habitations
"Pour les maisons, il faut commencer à faire un renversement", a indiqué Eric Daniel Lacombe, architecte et urbaniste, interrogé sur France Inter. Il conseille de mettre le grenier et la chaudière au premier étage et de remonter l'espace de vie, tout comme le matériel électrique fragile.
Pauline Pennober ne partage pas le même avis. Pour elle, il ne faut tout simplement plus construire en zone inondable : "Il faut définitivement interdire l’urbanisation dans les zones encore peu ou pas urbanisées et sujettes à inondations. Ces zones-là, on doit les laisser en zone naturelle (bocages, prairies) mais en face, il faut accompagner les agriculteurs qui protègent les lieux".
Le changement climatique va multiplier les épisodes pluvieux comme ça
Pauline Pennober, membre de l'association Eau & Rivières de BretagneFrance 3 Bretagne
Pour savoir si un logement se trouve en zone inondable, il faut se rapprocher de la mairie. Aussi, lors de l'achat d'un bien, le notaire doit obligatoirement remettre aux acheteurs un document qui stipule les risques. Si ce n'est pas le cas, "la vente peut être annulée", prévient Pauline Pennober.
"On perd le crachin breton pour de fortes pluies violentes. Le changement climatique va multiplier les épisodes pluvieux comme ça. Les pluies seront davantage resserrées et intensives", alerte-t-elle pour conclure.