Un jeune homme jugé pour avoir mortellement percuté un enfant originaire de Rennes au ski en 2014

Un jeune homme de 19 ans comparaît mercredi à Gap, trois ans après avoir mortellement percuté un garçon âgé de 7 ans et originaire de Rennes sur une piste de ski des Hautes-Alpes, où la présence d'un radar marqueur de vitesse avait été décriée.

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Le procès se déroule devant le tribunal pour enfants et à huis clos, l'auteur des faits étant mineur (16 ans) au moment de l'accident.

Le prévenu est jugé à Gap (Provence-Alpes-Côte d'Azur) pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement", a précisé le procureur de la République, Raphaël Balland. La peine maximale encourue est de 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende, que l'excuse de minorité divise par deux, sauf cas très particulier.

"Ce sera la première fois que nous rencontrerons la personne qui a tué notre fils, qui a brisé notre vie et ne nous a jamais adressé un mot", a déclaré le père de la victime, Litavan Khamphommala. "Comble de l'ironie", souligne ce médecin rennais, "ce gamin est né le même jour que mon fils".

Le drame s'était produit le 6 mars 2014, pendant les vacances d'hiver, sur une piste bleue de la station de la Joue-du-Loup dans le massif du Dévoluy. L'adolescent était arrivé à pleine vitesse sur cette piste pour débutants et avait violemment percuté, en aval, un enfant qui portait un casque de protection. 

Hautes-Alpes : la station de Joue-du-Loup sous le choc après un accident de ski mortel
"Filao a été projeté à 30 mètres et n'a pas survécu à la terrible violence du choc. Il est mort sur place, dans la neige, dans mes bras", confie M. Khamphommala. Il se rappelle avoir pris sa fille de 4 ans avec lui, en voiture, pour aller chercher sa femme qui était à Marseille, avant "d'aller voir mon gamin à la morgue". "On ne m'a pas proposé de voir un psychologue, à moi", se remémore cet homme meurtri et très en colère contre les responsables de la station.

Non-lieu pour la station 

Selon les parents, l'enquête a établi que l'adolescent, originaire d'Amiens, déboulait à "60 km/h, en ligne droite, sans chercher à ralentir à la rupture de pente". La présence d'un radar de vitesse sur le bord de la piste, installé pour faire ralentir les skieurs mais qui, dans les faits, les incitait plutôt à battre des records, avait été mise en cause, et par là-même la responsabilité de la station. L'engin avait été retiré dès le lendemain de l'accident.

"La seule dénégation de l'adolescent qui affirme que le radar n'a joué aucun rôle sur sa vitesse excessive a conduit la justice à écarter toute responsabilité de la station et de la mairie", déplorent les parents qui avaient fait appel de l'ordonnance de non-lieu pour la station. Fin novembre, la chambre de l'instruction de Grenoble avait confirmé cette décision en renvoyant le skieur imprudent devant le tribunal.

"Les radars n'étaient pas très répandus à l'époque et ne le sont toujours pas", explique Laurent Reynaud, délégué général de Domaines Skiables de France, qui regroupe 230 exploitants de remontées mécaniques. 

Après le drame, "on avait alerté nos adhérents sur le fait qu'il ne devait y avoir aucune ambiguïté sur l'utilité à visée pédagogique d'un radar", à savoir faire prendre conscience aux skieurs qu'ils peuvent "facilement arriver à une vitesse importante".

Quand des stations en ont, ce sont sur des pistes dédiées et sécurisées comme pour le kilomètre lancé aux Arcs (Savoie) ou à Vars (Hautes-Alpes). Ou comme à La Clusaz (Haute-Savoie) avec sa "piste radar", où les zones de freinage permettent aux skieurs de réaliser la distance nécessaire pour s'arrêter. En toute sécurité.

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