Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015, Babacar Gueye a perdu la vie à Rennes après avoir reçu plusieurs balles tirées par un policier. Tous les ans, depuis le drame, sa sœur et ses proches se rassemblent pour demander que la justice soit faite. Huit ans après les faits, une marche blanche a rassemblé une centaine de personnes, toutes venues dire, on n’oublie pas !
Cela fait 8 ans aujourd'hui, mais Awa Gueye refuse que l’histoire de son frère tombe dans l’oubli. Tous les ans, depuis la mort de Babacar, une marche blanche est organisée. Elle a rassemblé une centaine de personnes. "Je continue à résister", affirme Awa Gueye. La jeune femme a beaucoup trop de questions en tête pour abandonner le combat.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015, Babacar Gueye, jeune sénégalais de 27 ans, sans-papiers, fait une crise d’angoisse dans l’appartement d’un ami dans le quartier de Maurepas à Rennes.
"Son ami avait appelé les pompiers pour avoir de l’aide mais c’est la BAC qui est montée, raconte Awa Gueye. Ils étaient 8. Ils ont tiré 5 balles." Babacar est décédé.
Les pompiers appelés, c'est la BAC qui débarque :#BabacarGueye tué de 5 balles policières à #Rennes. Cela fera 3ans.
— Rikta ANEZOU (@RiktaANEZOU) October 21, 2017
Ni oubli, ni pardon pic.twitter.com/a81T0XWXpL
Trop de questions
Sa sœur ne comprend pas. "Ce n’est pas normal, quand la Police arrive, mon frère est en pleine crise d’angoisse. Ils ne cherchent pas à l’aider, ils le tuent. Ils avaient pourtant tout l’équipement pour maîtriser mon frère."
Devant l’immeuble où le drame a eu lieu, les manifestants écoutent Awa partager ses doutes et ses interrogations sur l’intervention des policiers de la brigade anticriminalité.
"Pourquoi les policiers n’ont pas réagi quand ils ont vu leur collègue sortir son arme. Ils auraient dû dire : Non, range ton arme, nous sommes plusieurs, on peut le maîtriser, nous sommes formés pour cela. Pourquoi ils n’ont pas fait ça ? "
Et pendant que des dizaines de ballons rouges et blancs s’envolent dans le ciel, Awa Gueye continue d’égrener ses questions, " mon frère, il n’a fait de mal à personne, il se faisait du mal à lui-même. Il se mutilait avec un couteau de cuisine. Un couteau de cuisine, ça ne perce pas un gilet pare-balles. Pourquoi l’arme qui a tué mon frère a été détruite ? Pourquoi ?"
Non-lieu
En mai dernier, la justice a prononcé un non-lieu dans cette affaire, le procureur de la République expliquait alors, "il apparaît que le fonctionnaire de police ayant fait usage de son arme a répondu de manière concomitante, nécessaire et proportionnée à l'agression de Babacar Gueye sur sa personne."
Le communiqué du parquet ajoutait que "le policier a agi en état de légitime défense et doit dès lors être déclaré irresponsable pénalement du chef de meurtre."
La famille de Babacar a immédiatement fait appel."On nous parle de légitime défense. Elle est où ? Interroge encore Awa. Aucune balle n’a été tirée en face. Je n’invente rien, ce sont les médecins qui ont retiré les balles du corps de mon petit frère qui le disent. Elle est où la légitime défense ?"
Devant tant de zones d’ombre, "je veux des réponses, conclut la jeune femme. La personne qui a tué mon frère est toujours en liberté avec son uniforme, son arme et moi, chaque mois de décembre, je pleure mon frère. "
"Je ne veux pas que le nom de mon frère tombe dans l’oubli, c’est pour cela que je continue à me battre et que je ne lâche pas."
(avec Charles Lemercier)