A l’occasion de la semaine olympique et paralympique, le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport, alerte sur la sédentarité des jeunes. Leurs capacités physiques diminuent par rapport à leurs aînés. Et c’est leur capital santé qui est mis à mal. Un enjeu de santé publique.
Le professeur François Carré exerce au CHU de Rennes et à l’université de Rennes 1. Spécialiste en physiologie cardio-vasculaire et médecin du sport, il a été auditionné par le sénat le 20 janvier dernier. Il y était question de sport et de santé. Ça tombe bien, c’est son cheval de bataille. Depuis des années, le scientifique se bat pour lutter contre la sédentarité. Et ça commence dès le plus jeune âge, selon lui.
Quels sont les bénéfices de la pratique sportive chez les enfants ?
Le capital santé se forme entre 5 et 18 ans. Ensuite il reste stable jusqu’à 30 ans puis il décroît. Donc plus on part de haut à 18 ans et plus il faudra de temps pour arriver à un seuil critique. En plus, on sait que l’habitude de pratiquer du sport s’acquiert jeune. Un enfant qui n’a jamais pratiqué de sport jeune a peu de chance de devenir un adulte sportif. Quelqu’un qui fait du sport toute sa vie voit son espérance de vie en bonne santé passer de 64 à 70 ans environ.
Et si quelqu’un se met au sport vers 40 ans ?
Il augmentera quand-même ses capacités physiques. Mais il aura du "retard" par rapport à quelqu’un qui pratique depuis son enfance.
Quels changements observez-vous chez les enfants du XXIè siècle ?
Entre 1971 et 2011, les capacités physiques des enfants ont diminué de 25% et ça continue. Or la capacité physique est le meilleur marqueur de l’espérance de vie. Ça présage donc des adultes qui auront plus de problème de santé et ça risque de coûter cher à la société. En plus l'exercice physique favorise les apprentissages, développe les défenses immunitaires…
Que préconisez-vous ?
30 minutes d’exercice par jour pour un adulte, une heure pour un enfant. Ça peut être juste les déplacements quotidiens qu’on fait à pied plutôt qu’en voiture. Il faut vraiment que les parents et l’Education Nationale en prennent conscience. Le programme scolaire est trop lourd, il ne laisse pas le temps de faire autre chose. On a des jeunes de 15 ans qui développent des diabètes de type 2. Il y a 30 ans, ce genre de pathologies apparaissait à 40 ans. La sédentarité est un problème de santé publique comme le tabac il y a 60 ans.