Jean Castex était à Rennes ce matin pour signer la convention sur les langues de Bretagne. Cette signature, rajoutée au dernier moment dans son emploi du temps, était très attendue par les défenseurs des langues régionales. L'objectif 30 000 élèves en filière bilingue d'ici 6 ans.
Jean Castex et deux de ses ministres étaient très attendus ce mardi matin à l'école Jacques Prévert pour la signature de la convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne.
Le député Paul Molac, le vice président du conseil régional Christian Troadec et le président du conseil culturel de Bretagne Bernez Rouz avaient fait le déplacement pour assister à cette signature que les défenseurs des langues régionales attendaient depuis quelques temps.
Une convention sur l'enseignement des langues régionale signée en présence du Premier ministre, Occitan de souche, mais sans le ministre de l'éducation Nationale J.M Blanquer. Ce dernier est accusé de freiner le développement des langues régionales comme l'occitan, le basque ou le breton par les défenseurs de ces langues.
Un camouflet pour le ministre de l'Education puisque c'est Matignon qui gère désormais ce dossier.
Un long parcours vers la reconnaissance
Le 8 avril 2021 est votée une loi sur les langues régionales, la première depuis
soixante-dix ans, à l'initiative d'un député breton, Paul Molac (Libertés et Territoires).
Jean-Michel Blanquer s'est pourtant battu contre le texte, mais il est
désavoué par les députés de La République en marche.
Le ministre de l'Education fait alors une saisine du Conseil constitutionnel qui aboutira à une victoire. La haute juridiction juge contraire à la loi fondamentale l'enseignement immersif en langues régionales.
Cette décision entraine des manifestations importantes à quelques jours des élections régionales.
Les manifestants ne comprennent pas cet acharnement contre des langues régionales, aujourd'hui menacées de disparition, alors que les élèves dans ces écoles obtiennent de meilleurs résultats que les autres selon les chiffres du ministère de l'éducation.
Le président de la République désavoue son ministre et confie ce dossier à Jean Castex. Une reprise en main du sujet par Matignon et un camouflet pour le ministre de l'Education Nationale
La signature de cette convention sur les langues régionales c'est une véritable avancée pour les langues de Bretagne
Paul Molac député
Plus d'élèves et plus d'enseignants
Pour Paul Molac, joint par téléphone, cette convention "c'est une véritable avancée pour les langues de Bretagne. On devrait passer de 19 000 élèves en 2022 à étudier le breton à 30 000 en 2027".
C'est un objectif ambitieux qui devrait permettre la formation d'enseignants bilingue. sur le papier d'ici à 2027 il va falloir former et recruter des professeurs des écoles pour arriver à 50% de postes bilingues ouvert au concours du premier degré."
Cette généralisation progressive commencera d'abord dans le département du Finistère puis s'étendra au reste de l'académie.
Dans le second degré l'option breton devrait également se développer. 30 collèges dans la région devraient pouvoir proposer cette option d'ici 2027 contre 4 aujourd'hui.
L'enseignement du breton sera aussi développer dans les 3 réseaux le public, le privé et l'associatif Diwan.
Une avancée aussi pour le vice président du conseil régional en charge des langues régionales Christian Troadec. "Mais il faudra rester vigilant car si les intentions sont bonnes il n'y a aucun chiffre d'avancé. Et ces recrutements et la formation des professeurs reste l'affaire de l'éducation nationale. Et à ce niveau nous n'avons pas trop d'informations sur les financements et leur pérennisation" nous confie t-il. "Nous allons avec les acteurs des langues bretonnes créer un comité de suivi pour voir si l'Etat tient ses engagements".
Pour mener ce projet au bout il faut donc engager une action forte sur la formation des enseignants bilingue. une classe préparatoire au professorat des écoles devrait voir le jour au lycée Iroise de Brest. Les étudiants pourront alors intégrer le master qui forme au métier de l'enseignement bilingue.
Pour grossir les rangs de ces professeurs bretonnant les mutations d'enseignants bilingue qui exerce en dehors de la région seront facilitées.
Les 4 universités bretonnes signataires de cette convention proposeront désormais le breton dans toutes leurs licences et renforceront l'enseignement du breton dans les sciences de l'éducation. Un étudiant ne parlant pas le breton aura donc au cours de son cursus la possibilité de se former à l'enseignement du breton.
Pour Bernez Rouz, le président du conseil culturel de Bretagne, "c'est bien l'enseignement le pilier de ce projet, il repose donc sur les moyens que l'éducation nationale va mettre en place pour atteindre ces objectifs qui vont dans le bon sens pour les langues régionales. Il faudra donc rester vigilant sur ces actions de formations. Il va donc valoir veiller au bon respect de cette chartes, car on ne sait pas encore quels moyens financiers vont être déployés pour parvenir à ces objectifs".
Le Gallo pleinement reconnu
Pour la première fois le Gallo est pleinement reconnu comme le souligne le président du centre culturel breton Bernez Roux. Il s'agit de la mise en place d'un enseignement du Gallo dans le 1er degré puis, en continuité dans le 2nd degré.
Enfin une signalétique en langue bretonne sera mise en place sur les bâtiments publics et les routes nationales et l'incitation pour les mairies à délivrer un livret de famille bilingue français-breton.
Seul l'avenir nous permettra de savoir si cette convention des langues de Bretagne signée entre l'Etat et la région Bretagne était ou non trop ambitieuse.