Un projet de convention État-Région portant sur l'enseignement du breton a été présenté ce vendredi 4 février 2022. Il prévoit notamment que d'ici à six ans, 50% des postes au concours d'enseignants pour les écoles maternelles et primaires soient bilingues, et fixe l'objectif de 30.000 élèves pour ces filières. Un texte soumis au vote du conseil régional à la fin du mois.
Cette convention spécifique entre l'État et la région, pour la transmission des langues de Bretagne, a pour but de fixer les moyens mis en œuvre par le Rectorat, en termes d’enseignement, de promotion, et d’objectifs aussi.
Avec des éléments chiffrés notamment en termes d'enfants scolarisés dans les trois filières bilingues français-breton, publique, privée et Diwan. "Une boîte à outils pour mettre en œuvre les textes officiels, comme la nouvelle loi Molac", expliquait récemment Arnaud Goapper, vice-président de Div Yezh, la fédération des parents d'élèves du bilingue public. Loi Molac adoptée au Parlement au mois de mai dernier.
Discussions âpres entre le Rectorat et la Région
Ce texte, discuté âprement depuis plusieurs mois entre le Rectorat et le Conseil régional, prévoit notamment que la moitié des postes au concours d'enseignants pour les écoles maternelles et primaires dans la région, soient des postes bilingues, c’est « la mesure phare du texte » indique Paul Molac, député et conseiller régional. Une mesure de rattrapage, car aujourd'hui les filières bilingues sont confrontées à une pénurie d'enseignants. Seuls 20% des postes au concours d'enseignant sont bilingues, ce qui ne suffit pas à combler les besoins
« Après il faut des moyens note encore Paul Molac « Les moyens c’est l’augmentation des heures de breton dans les universités, en particulier à Rennes 2 et aussi à l’Institut de formation des maîtres l’Inspe, qui va augmenter le nombre de lieux où on peut suivre cette formation. » Le lycée de l'Iroise à Brest devrait ainsi ouvrir une classe en Sciences de l'Éducation, pour préparer ces candidats au concours.
Le texte fixe encore l'objectif de 30.000 élèves en filière bilingue d'ici à 6 ans contre 20.000 aujourd'hui.
Une mobilisation au mois de janvier
Paul Molac déclare avoir reçu "une copie inacceptable" de la part de l'Éducation nationale fin décembre. Ce qui dénote bien la rudesse du bras de fer qui depuis un an opposent la Région Bretagne et l'État. C’est à dire le ministère de Jean-Michel Blanquer, au-delà du rectorat. La pérennisation de la langue bretonne passe en premier lieu par l'Éducation. C'est donc devant le rectorat que les associations de défense du breton ont manifesté une fois encore en janvier dernier, pour faire avancer cette convention État-Région.
Un texte perfectible selon les parents d'élèves
Mais les parents d'élèves de la filière publique bilingue aimeraient voir dans ce texte des objectifs plus détaillés : « Il faut continuer de préciser tout un tas de points en particulier sur la formation, selon Rémi Toulhoat, président de Div Yezh, l’enseignement public bilingue, pour que tous les élèves, les collégiens, les lycéens, les étudiants, puissent en proximité, s’engager dans des parcours. Voilà, c’est ça l’enjeu, c’est ça qui importe. Et pour ça il faut être précis, il ne faut pas juste un objectif global. Il faut fixer des objectifs et les moyens pour les atteindre. Et ça n’est pas très clair. »
Texte voté au Conseil régional à la fin du mois
Un projet de convention sûrement perfectible. Reste que les jours sont comptés. Le projet de convention présenté en fin de semaine dernière, sera soumis au vote du Conseil régional les 24 et 25 février prochain. Le Conseil culturel de Bretagne devrait lui donner son avis ce jeudi.