Il a marqué des buts et surtout l’histoire du Stade Rennais. Laurent Pokou était surnommé Le Duc de Bretagne. Pour la prochaine CAN, la Coupe d’Afrique des Nations qui se déroulera du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire, les autorités ont décidé de donner le nom de la légende rennaise au stade de San Pedro. Laurent Pokou est le premier joueur ivoirien à avoir un stade à son nom.
On le surnommait l’"Homme d’Asmara", "l’empereur baoulé". Lorsqu’il entrait sur le terrain, c’était un Dieu Vivant, capable de tous les miracles.
Laurent Pokou a porté pas moins de 70 fois le maillot de l’équipe nationale ivoirienne et a conservé pendant plus de 40 ans le titre de meilleur buteur de la CAN avec 14 buts inscrits en deux compétitions.
On dit même que le président ivoirien Houphouët-Boigny l’appelait "Mon fils", c’est dire qu’il n’était pas pressé de voir partir son champion.
Une arrivée miraculeuse
En ce début des années 70, Laurent Pokou était convoité par tous les clubs français. Mais à chaque fois qu’il arrivait à l’aéroport, les militaires ivoiriens l’empêchaient d’accéder à l’avion.
Et puis, un jour, en Bretagne, une jeune chef d’entreprise qui fait partie du Conseil d’administration du Stade Rennais et qui commercialise du bois en Côte d’Ivoire réussit à convaincre le président ivoirien.
Le 29 décembre 1973, Laurent Pokou se pose sur le tarmac et descend de l’avion privé de François Pinault. Il va signer au Stade Rennais.
Le club est alors en position difficile à la 19ème place du championnat et risque la relégation. Une semaine plus tard, sur la pelouse de Troyes, Laurent Pokou inscrit son premier but. Le premier d’une longue série. En quatre saisons, il en a inscrit 52 sous les couleurs de Rennes et était capable de marquer un, deux, trois, quatre buts par match.
Il remportait les victoires presque tout seul, se souviennent ses coéquipiers de l’époque.
La saison sauvée
À la fin de la saison 73-74, le Stade Rennais est sauvé et termine dans le milieu du classement. Ce ne sera pas le cas l’année suivante, c’est l’époque où on demande dans les cours de récré, "Qu’est-ce qui est rouge et noir et qui monte et qui descend ?" Le Stade Rennais connait des hauts et des bas, mais son numéro 9 reste lui au plus haut dans les cœurs.
La Bretagne est une partie de moi-même, souriait l’avant-centre. Il se murmure qu’à son retour vers sa terre natale, il avait emmené un drapeau qui flottait dans son village ivoirien.
Le joueur s’est éteint le 13 novembre 2016 à l’âge de 69 ans.
L’ancien buteur des Eléphants et du Stade Rennais aura donc prochainement un stade à son nom. Il est le premier joueur ivoirien à recevoir un tel hommage. Signe sans doute que les légendes ne meurent jamais.