Coup de tonnerre dans le monde économique breton : Bridor a décidé de mettre fin à son projet de site industriel à Liffré, à l’Est de Rennes. En raison des nombreux recours engagés, l’usine envisagée ne pourra pas voir le jour avant dix ans. Dans un communiqué, le groupe Le Duff, propriétaire de Bridor, indique qu’il ne peut pas attendre tout ce temps, "avec regret pour la Bretagne et ses collaborateurs".
C’est la fin d’un long feuilleton. Le groupe Le Duff a mis sa menace à exécution. Bridor annonce mettre fin à son projet d’usine à Liffré, à l’Est de Rennes, car "les travaux de construction ne pourraient vraisemblablement pas commencer avant 2026, amenant le démarrage du site au plus tôt en 2028 (…) en raison des recours engagés devant la justice" indique l'entreprise dans un communiqué.
Le projet avait démarré en 2017. Le groupe de Louis Le Duff, qui détient l’enseigne Bridor (production de viennoiseries surgelées), recherche un site en France pour répondre à la demande de ses clients.
Six ans plus tard, Bridor a obtenu les conclusions favorables de la Commission nationale du débat public, et les autorisations administratives nécessaires (permis de construire, autorisation environnementale - ICPE1).
Défenseurs de l'environnement contre chantres du développement économique
Oui, mais sur place, le projet ne plaît pas à tout le monde, loin s'en faut. Associations écologistes, habitants de la commune et élus ont régulièrement manifesté leur désaccord. Ils dénoncent un pillage des ressources en eau et l'artificialisation des sols. D'où de nombreux recours, au nom de la "totale contradiction avec l’objectif de lutte contre l’artificialisation des sols" voulu par la par la loi Climat et résilience.
Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre 10 ans, voire certainement davantage, pour que notre projet industriel aboutisse, lorsque nos concurrents à l’étranger mettent 1 à 2 ans maximum pour obtenir les mêmes autorisations de construction.
Louis Le DuffPrésident-fondateur du groupe Le Duff
"Nous avons pesé les choses mûrement, y compris les toutes récentes initiatives du gouvernement en matière d’implantation industrielle. Cette échelle de temps est incompatible avec la demande croissante de nos clients. Face à ces nombreux freins, nous avons donc réagi à trois niveaux", souligne Philippe Morin, le directeur général de Bridor.
Le groupe poursuit ses investissements en France et en Bretagne - le siège social du groupe Le Duff se situe à Rennes. Il a fait l’acquisition de Panidor (500 collaborateurs) en octobre 2022 pour répondre à la demande européenne, et d’une usine aux Etats-Unis pour la demande américaine.
Le combat n'est pas fini, pour l'association "Nature en ville"
Pour Pascal Branchu, de l'association nature en ville, "c'est une bonne nouvelle mais le combat n'est pas fini".
L'association craint la suite car les mesures administratives perdurent. "On va continuer le combat en justice, parce que pour nous cette usine c'est ni ici ni ailleurs. (...) On veut obtenir des jurisprudences pour que le groupe Le Duff arrête depiller les ressources à un endroit pour les exporter ensuite".
Le Conseil régional réagit
Le Président de Région, Loïg Chesnais-Girard, a "pris acte" de la décision du groupe le Duff, avec une pensée pour les familles qui "portaient beaucoup d'espoirs sur les centaines d'emplois d'ouvriers et de techniciens, non délocalisables, que devait créer cette usine".