Les stocks de l’établissement français du sang sont au plus bas. Il reste moins de cinq jours de réserve pour certains groupes sanguins. Selon Serge Danic, le directeur de l'Etablissement Français du Sang de Bretagne, on est au seuil critique, en dessous duquel "on entre dans l'inconnu" pour assurer des soins.
"On distribue plus de produits sanguins que ce que l’on collecte, alors, à un moment, ça ne passe plus, analyse Bruno Danic, directeur de l’EFS Bretagne. On sait qu’on fait très régulièrement appel à la mobilisation des donneurs, mais là, il y a urgence. Il n’y a plus que 73 000 poches de globules rouges en France, c’est moins de sept jours de stock, et pour certains groupes sanguins, nous sommes en dessous de cinq jours !"
L’heure est grave, au point que le ministre de la santé Olivier Véran a relayé sur les réseau sociaux l’appel de l’Etablissement Français du Sang, "pour que chaque patient puisse disposer du sang dont il a besoin pour être soigné".
"Nous sommes déjà amenés à discuter avec certains médecins prescripteurs pour savoir si on peut retarder une opération, si on peut donner un peu moins de globules rouges. On fait face à toutes les situations, mais en dessous de ce niveau, on entre en zone inconnue " s'inquiète Bruno Danic.
Le Covid a bouleversé nos vies … et les collectes
Depuis le début de la crise sanitaire, les collectes dans les universités et les entreprises ont été suspendues, les gens sont en télétravail ou en cours à distance, "il n’y avait plus personne," est obligé de constater Bruno Danic.
Et en ce début 2022, il y a eu tellement de personnes contaminées par le variant Omicron, que tout a été encore plus désorganisé. "Il y a avait des malades chez les donneurs, mais aussi chez les infirmières, les techniciens, partout. On a essayé de maintenir les collectes dans les communes, mais on a eu beaucoup moins de monde."
Résultat devant les tiroirs où les poches prêtes à partir pour les hôpitaux et les cliniques sont stockées, Sébastien Bois, le responsable du plateau technique régional de préparation des produits sanguins, se tracasse. " Ce qui est là va partir dans la journée, ce soir, tout sera vide ! "
Les bretons généreux
Heureusement, les poches collectées dans la région, dans les maisons du don ou en collectes mobiles arrivent. Les bretons sont les plus généreux de France, selon les chiffres de 2020, 4,77 % donnent leur sang.
Mais les stocks sont si bas, qu’il faudra des semaines pour remonter le niveau
Bruno Danic, directeur EFS Bretagne
Toutes les poches de sang collectées en Bretagne sont traitées à Rennes. Il faut faire vite, les techniciens du service de préparation des produits sanguins de l’Etablissement Français du Sang de Bretagne n’ont que 24 heures pour vérifier et traiter les dons.
Sébastien Lebacle récupère les poches qui viennent d’être centrifugées pour séparer les globules rouges, le plasma et les plaquettes. "Chaque élément a son rôle explique le technicien de laboratoire.
"Les globules rouges transportent l’oxygène, elles pourront être transfusées en cas d’hémorragie ou de maladie du sang. Le plasma est utilisé pour les grands brûlés, les hémophiles ou les personnes immunodéprimées et les plaquettes vont aider à soigner les personnes atteintes de leucémies, de lymphomes ou celles qui suivent une chimiothérapie" détaille Sébastien Lebacle.
Avec une poche de sang, on peut sauver trois vies.
Sébastien Lebacle, technicien de laboratoire EFS Bretagne
Mais les produits sanguins ont une durée de vie très courte, 7 jours pour les plaquettes, 42 pour les globules rouges, un an pour le plasma. "Il nous faut donc des dons tous les jours" insiste Bruno Danic. "Dans les hôpitaux, les activités chirurgicales, ralenties par la pandémie vont redémarrer. Il faut que nous soyons là pour les malades qui ont besoin. "
Maxime et Marc ont entendu l’appel de l’EFS. Sur leur pause de midi, ils sont venus donner. "Parfois, on est pris dans nos vies, on oublie, mais c’est important, disent-ils tous deux, un jour, quelqu’un de notre famille aura peut-être besoin de sang. Rien ne remplace le sang, donner c’est juste un geste de solidarité !"