Durant six heures ce mardi, deux policiers de la section d'intervention ont été entendus par la police des polices à Rennes dans le cadre de l'instruction sur la blessure à l'œil d'un étudiant lors d'une manifestation contre la loi Travail en avril 2016. Un rassemblement de soutien s'est tenu.
Ils étaient une quarantaine à s'être rassemblés sur la place Sainte-Melaine, près des locaux de la délégations inter-régionales d'enquête rennaise de l'IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale). Des policiers, dont une vingtaine de la section d'intervention, l'unité de police dont font partie les deux policiers qui ont été placés officiellement en garde à vue ce mardi dès 9h30.
Les deux fonctionnaires ont été auditionnés dans l'enquête pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" jusqu'à 15h30 par les enquêteurs de la police des polices. Ils sont suspectés d'être à l'origine du tir de lanceur de balles (LBD) qui aurait touché à l'œil un manifestant contre la loi Travail. En juin 2016, une information judiciaire a été ouverte afin de déterminer les circonstances dans lesquelles un jeune étudiant avait perdu son œil gauche le 28 avril, en marge d'une manifestation violente contre la loi Travail.
Un projectile de lanceur de balles selon les experts
Au cours de l'enquête préliminaire diligentée par le parquet de Rennes, deux experts ont conclu que "l'hypothèse la plus probable" sur l'origine de la blessure à l'œil est un projectile de lanceur de balles de défense (LBD) (ce qui a succédé au "Flashball").Ce 28 avril 2016, plusieurs membres des forces de l'ordre étaient équipés de ces LBD dont ces deux hommes de la section d'intervention. Selon des membres de cette unité, les tirs de ces hommes ne peuvent pas être à l'origine de cette grave blessure vu la distance, 30 à 40 mètres, à laquelle ils se trouvaient des manifestants.
Jean-Luc, membre de la section d'intervention de Rennes
/ Reportage : G. Le Morvan - V. Bars
La garde à vue des deux policiers a été levée. Ils sont ressortis libres. Aucune mise en examen n'a été prononcée "pour l'instant" précise leur avocat, Maître Frédéric Birrien.
Le jeune étudiant de 20 ans qui a perdu son œil, Jean-François Martin, a rencontré les juges d'instruction le 10 janvier, selon son père Bruno Martin, satisfait que "les choses avancent et que l'enquête se poursuive". La famille a également saisi récemment le Défenseur des droits.
Rassemblement contre les violences policières
Place Hoche, à quelques centaines de mètres des locaux de l'IGPN, l'Union syndicale "Solidaire 35" a appelé à un rassemblement dès midi. Elle dénonce le fait que plusieurs plaintes de manifestants contre la loi Travail pour violences policières aient été classées sans suite par le parquet.Une centaine de personnes a par la suite rallié la place Sainte-Melaine, alors que seul un rassemblement statique avait été autorisé par la préfecture. Des CRS dépêchés en nombre les ont empêché d'accéder à la place. Les manifestants ainsi pris en tenaille rue Guillaudot, se sont dispersés au bout d'une grosse demi-heure.