Médecins rennais en renfort à Strasbourg, face au coronavirus : "On n'a jamais connu un tel afflux de patients"

Trois médecins anesthésistes-réanimateurs du CHU de Rennes ont intégré, durant une semaine, l'hôpital de Strasbourg. Une aide bienvenue dans une région où les équipes médicales enchaînent les nuits blanches.


"J'ai croisé des soignants fatigués, psychologiquement et physiquement. Ils ont vécu des choses très difficiles. Si nous sommes allés à Strasbourg, c'était aussi pour les soulager et leur permettre de souffler un peu". David Leconte est anesthésiste-réanimateur au CHU de Rennes. Lui et deux autres médecins rennais sont allés prêter main forte aux équipes médicales strasbourgeoises.


"Avec le coronavirus, tout devient encore plus compliqué"


Ils ne sont restés qu'une semaine sur place, volontaires pour assurer, là-bas, dans le Grand Est, cette mission de solidarité. "J'étais à l'hôpital de Hautepierre, raconte David Leconte, dans une salle de réveil transformée en salle de réanimation. Car, comme partout ailleurs, cet hôpital a dû se réorganiser, avec des malades dispatchés un peu partout"

Ce médecin de 32 ans, qui a terminé son internat il y a un an, va ainsi veiller sur six patients, "très fragilisés, dénutris, qui luttent contre le virus depuis plusieurs semaines. Là, nous sommes confrontés à des malades dont l'état peut connaître des améliorations puis se dégrader à nouveau. On sait qu'en réanimation, dans un contexte ordinaire, c'est 
compliqué déjà. Avec le coronavirus, tout devient encore plus compliqué,  les risques de surinfection sont plus importants tellement les personnes sont abîmées et affaiblies".

 
 


"Les rôles des uns et des autres sont chamboulés"


David Leconte croise des collègues strasbourgeois qui enchaînent les nuits blanches, accusent le coup et "se serrent les coudes". "Tous les malades arrivent à l'hôpital dans un intervalle très court, explique-t-il. On n'a jamais connu cela : un tel afflux de patients, une telle transformation de l'hôpital où les rôles des uns et des autres sont chamboulés". Avec l'arrêt des blocs opératoires, les chirurgiens se chargent, par exemple, "de faire le lien avec les familles. Et puis, souligne le médecin rennais, tous les soignants qui n'avaient pas fait de réanimation depuis longtemps et ceux qui n'en avaient jamais fait ont été sollicités. Il y a des formations sur le tas, dans un contexte d'urgence".

L'anesthésiste-réanimateur dit ne pas avoir manqué d'équipements de protection. "En tout cas, au moment où j'étais dans cet hôpital, je ne me suis jamais senti en insécurité par manque de matériel".

Chaque matin, à l'hôpital de Hautepierre, les réunions d'équipes sont aussi l'occasion d'échanger sur ce virus qui, d'un malade à l'autre, prend des formes différentes. "Nous aussi, on se pose plein de questions sur le Covid-19, confie David Leconte. Comment il attaque le corps humain, les pathologies qu'il entraîne et qui sont atypiques par rapport à ce que nous voyons d'habitude. Nous sommes face à l'inconnu".

De retour à Rennes, depuis dimanche 19 avril, ce médecin, qui travaille dans le service cardio-thoracique et vasculaire, évoque "une expérience enrichissante" à Strasbourg, "des moments très denses", "des collègues très contents de nous voir arriver" et "ce bel élan de solidarité entre soignants d'une région vers une autre".  



 
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