Voici un mois qu'un collectif d'associations et de syndicats a réquisitionné le gymnase de la Poterie à Rennes (Ille-et-Vilaine). Environ 80 migrants dont plusieurs familles, tous, sans solutions de logement, y sont hébergés. Et à l'horizon, pas de réponse globale pour mettre fin à cette situation plus que précaire au quotidien.
C'est à l'issue d'une manifestation et d'un sit-in à Rennes que le collectif avait décidé de réquisitionner ce gymnase de la Poterie, à 3 kilomètres du centre-ville. Malgré l'arrivée de policiers, aucun ordre d'évacuation n'avait été donné.
Un mois après, c'est le statut-quo. Pas de délogement prévu par la mairie qui renvoie la balle dans le camp de la préfecture chargée de gérer ce type de situation (lire plus bas).
Une cohabitation forcée
Alors sur place, la cohabitation s'est organisée. des tentes installées sur le sol du gymnase, d'un côté les familles, de l'autre côté les hommes seuls et des nationalités différentes, qui doivent composer avec cette communauté de fortune, sans aucune intimité !
Dehors, des gazinières et des éviers ont été installés, comme si la situation allait durer. Les gens prennent leur mal en patience, même si la fatigue et l'instabilité entraînent quelques tensions.
Coline Gayou, coordinatrice Utopia 56 de Rennes
Ici, les situations sont diverses.. Les associations qui se relaient sur place tentent d'aider dans leurs démarches des déboutés du droit d'asile, des personnes en cours de régularisation de leur dossier, certains qu'ils ont déjà croisés sur le campement du parc des Gayeulles cet été, mais aussi des primo-arrivants.
L'ambiance sur place, c'est Makka, une tchétchène mère de 4 jeunes enfants, qui a bien voulu nous en parler. Elle a eu de la chance par rapport à ces compagnons. Elle n'est restée que 15 jours au gymnase. Désormais, elle est hébergée dans une maison à Saint-Malo pour 6 mois, grâce à une association. Ce jour-là, de passage à Rennes, elle est revenue pour dire bonjour à quelques personnes sur place.
Ici, la vie était compliquée pour mes enfants. Pour faire leurs devoirs, avec les cris et les pleurs des petits dans le gymnase, c'était difficile. Nous n'étions jamais au calme. Pour les petits qui ne savent pas marcher c'est dur. Il n'y a pas d'espace propre, pas de chambre, pas de sanitaire.
Makka, tchétchène-ex hébergée au gymnase de la Poterie
Makka, elle, peut désormais souffler un peu dans la maison où elle est hébergée. Mais elle sait que cela est temporaire. Peut-être devra t-elle retourner dans un squat.
La Préfecture cherche des solutions mais rappelle que les étrangers en situation irrégulière doivent quitter le territoire
La préfecture rappelle que "l'Etat s'emploie à trouver des places d'hébergement adapté à ceux qui peuvent y prétendre. A ce titre, 10 demandeurs d'asile ont été placés dans le dispositif national d'accueil".
Pour les étrangers en situation irrégulière en revanche, il leur faut, toujours selon la préfecture, "solliciter l'aide au retour volontaire auprès de l'office français de de l'immigration et de l'intégration".
A Rennes, il existe une structure d'hébergement dédiée, le dispositif de préparation au retour volontaire (DPAR), qui compte 80 places.