Elodie Guérin défend les couleurs de la Bretagne à la finale des Olympiades des Métiers à Clermont-Ferrand. Un défi supplémentaire pour cette jeune graphiste, sourde de naissance.
Elodie Guérin est une jeune graphiste de 24 ans, en formation en alternance entre France3 Bretagne et l'école rennaise MJM Design. Un supplément de formation qui suit son BTS obtenu au Lycée Coëtlogon à Rennes, et dont elle défend les couleurs grâce à une médaille d'argent obtenue aux Olympiades des Métiers en Bretagne. Nouveau défi: concourir à la grande finale qui se tient cette semaine à Clermont-Ferrand. Cette première victoire ne surprend pas ses tuteurs dans sa nouvelle entreprise: "Elle avait un très bon CV et un fort potentiel en graphisme" indique Marie Preschoux, du service des Ressources Humaines. Elle a surtout une volonté de fer, comme en témoigne son parcours dans la vie.Elodie est sourde de naissance, mais elle n'apprend la langue des signes qu'à 15 et demi. Très tôt, elle a redoublé d'efforts pour "oraliser" convenablement, à raison de 5 heures d'orthophonistes par semaine. Le prix à payer pour suivre sa scolarité dans le circuit classique. Elle y accomplit la suite de son cursus scolaire au Lycée Coëtlogon à Rennes : Bep, Bac Pro, Bts
8 années de scolarité, avec toujours en filigrane, sa volonté de réussir et son combat permanent pour s’accrocher, surmonter les difficultés liées à son handicap.
«Je connais beaucoup d’amis dans ma situation qui ont renoncé. Ils n’en pouvaient plus de faire des efforts. Et malgré leur détermination, ils n’arrivaient pas à suivre. Moi-même, j’ai eu des moments de grande solitude. Voire un peu de déprime. En BTS, c’était difficile. Mais je me suis accrochée». Elle croyait en ses capacités et ne voulait pas être bloquée par son handicap, mais «il faut toujours faire dix fois plus d’efforts que les autres». Elle y est parvenue. Une vraie fierté pour elle. «Quand je pense que j’ai failli abandonner».
Aujourd'hui elle fait ses premiers pas en entreprise, au desk multimédia du pôle Nord-Ouest de Francetelevision. Son entourage professionnel a du lui aussi s'adapter, comprendre l'isolement dans lequel elle peut rapidement se retrouver, malgré sa facilité à communiquer et se faire entendre de tout le monde. «Les personnes qui me côtoient oublient mon handicap, parlent trop vite, détournent la tête pour parler, discutent tous ensemble dans un brouhaha infernal» et Elodie est alors à nouveau isolée, coupée du monde sonore.
Reste que lire sur les lèvres, pratiquer la langue des signes et même aujourd'hui la langue internationale des signes lui a ouvert également des portes. Elodie pratique la photographie, joue au football, et voyage tant qu'elle peut. En Californie, elle a été fascinée par l’accessibilité pour les personnes handicapées. «La France est à des années lumières, il faudrait vraiment que des efforts soient faits rapidement». Ironie de l’histoire, quand on sait que ce sont les français qui ont appris la langue des signes aux Américains !