Le trafic de drogue rapporte gros. Rennes concentre la plupart des lieux de trafic du département. Le préfet et le chef de police mobilisent leurs efforts pour contrer un phénomène montant qui perturbe la vie de certains quartiers.
La lutte contre le trafic de stupéfiants à Rennes est la priorité absolue de la police et de la préfecture d’Ille-et-Vilaine. “Nous allons harceler les points de revente de drogue, le but est de faire place nette” lance Philippe Gustin, préfet de Bretagne.
28 points de deal de drogue à Rennes
Et à voir les remontées du terrain, le travail à réaliser est conséquent. “Rennes comptabilise 28 points de deal sur les 32 dénombrés dans le département” assure le nouveau chef de la police de Rennes. “Chaque nuit mes hommes réalisent des interpellations dans les quartiers de la ville certifie Yannick Blouin. Hier soir encore, un individu a été arrêté avec 13.000 euros en liquide sur lui”.
Car à Rennes comme ailleurs, le trafic de drogue rapporte gros. “Le principal point de deal du Blosne rapporte entre 50.000 et 75.000 euros par jour” souligne Philippe Gustin.
Le principal point de deal du Blosne rapporte entre 50.000 et 75.000 euros par jour.
Philippe Gustin, préfet de Bretagne.
Lors de cette conférence de presse organisée pour donner l’orientation des moyens engagés en termes de sécurité par l’Etat pour 2024, l’implication des forces de l’ordre dans la lutte contre le trafic de drogue est au centre des échanges. “Nous avons la chance d’avoir à Rennes des policiers qui connaissent parfaitement leur territoire” insiste le préfet. Ils sont épaulés par l’unité de la CRS 82, basée à Nantes, pour organiser des descentes musclées dans les tours d’immeuble qui concentre les trafics. “À chaque fois, des poissons pilote de nos unités de Rennes s’intègrent à l’unité de CRS 82 pour les guider sur le terrain”.
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De jeunes trafiquants venus de banlieue parisienne
Pour le directeur interdépartemental de la police national, l’objectif est de “peser sur leur chiffre d’affaires. Chaque jour nous confisquons stupéfiants et liquidités”.
“Ce sont des réseaux mafieux, de grande criminalité que l’on doit stopper” justifie Philippe Gustin, préfet de Bretagne. Le phénomène qui s’installe est l’arrivée de jeunes trafiquants venus de banlieue parisienne. “Des jeunes fugueurs, des parisiens d’Essone, du Val d’Oise parfois interdits de rester dans leur département par l’autorité judiciaire tentent d’installer leur trafic à Rennes” exprime le chef de la police.
“Nous travaillons sur le terrain et sur le numérique” souligne Yannick Blouin. “Ces vendeurs de drogue utilisent les réseaux sociaux et les messageries cryptées pour installer des systèmes de livraison de drogue aux particuliers”. Des Ubers Shit qui présentent une véritable bourse à l’emploi pour les jeunes désœuvrés. “Des gamins paumés répondent à des offres d’emploi pour le trafic de drogue et se font embrigader”.
Des armes dans les quartiers
Maurepas, Cleunay, Villejean, Blosne, ces quartiers concentrent le trafic de drogue à Rennes. Comme marqueur de l’évolution du trafic de drogue sur Rennes, l’usage des armes à feu ces derniers mois est révélateur.
Nous avons saisi deux pistolets-mitrailleurs de type kalachnikov.
Yannick Blouin, chef de la police de Rennes
Des coups de feu ont eu lieu à trois reprises sur un mois dans le quartier du Blosne. ““Le trafic est tellement lucratif, que cela entraîne des rivalités de territoires. Nous avons saisi deux pistolets-mitrailleurs de type kalachnikov. Heureusement ce n’est pas très commun sur Rennes”. Des armes de guerre confisquées par la police ces dernières semaines qui permettent de lancer de nouvelles enquêtes comme celle en cours après des tirs dans le quartier de Maurepas. Des résultats sont attendus assure le chef de la police. “Il va y avoir des actions judiciaires en lien avec nos dernières interventions”.
Si les Jeux Olympiques vont impliquer une baisse des effectifs de force de l’ordre disponible sur Rennes entre mai et septembre 2024, le préfet l’assure “pour lutter contre le trafic de drogue, nous mettrons toujours les moyens nécessaires”.
Toujours axé sur la lutte contre l’usage des stupéfiants, le préfet de région annonce vouloir intensifier la lutte contre les rave partys sauvages. “Des lieux où la drogue tourne beaucoup. Des événements qui dérangent également la population. Le trafic de drogue est présent en ville mais également dans les campagnes”.