Dans le quartier d'affaire Via Silva à Rennes, construit de toutes pièces autour de la station de métro du même nom, les usagers et les habitants subissent de plein fouet l'arrêt de la ligne B. Suite à une panne au mois de janvier, le trafic est interrompu, et ne reprendra pas avant des semaines. Certains entrepreneurs avaient misé gros sur cette ligne de métro "qui ne tient aujourd'hui pas ses promesses."
Matin et soir, les bouchons sont quotidiens sur les routes qui desservent le quartier Via Silva. Un quartier d'affaires, où chaque jour quelque 14 000 personnes travaillent. Faute de métro, c'est avec voitures et bus que les travailleurs viennent dans le quartier d'affaire. Alors que la date de reprise du trafic de la ligne B du métro a été repoussée une nouvelle fois, "dans le courant du printemps", les usagers s'arment de patience et les commerçants subissent un isolement forcé.
Depuis le 3 janvier, la #ligneb du méto de #Rennes est à l'arrêt 🛑 Opération de maintenance sur les boggies, calendrier prévisionnel, on fait le point 🚇👇
— Rennes Ville et Métropole (@metropolerennes) March 12, 2024
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La nouvelle station de métro était une belle opportunité pour Louis Cami-Débat. Il avait décidé d'installer son auto-école dans le quartier pour permettre aux élèves d'éviter un centre-ville rennais souvent congestionné. Avec l'interruption de la ligne B, tout est devenu plus compliqué... "On a beaucoup de bouchons et on rencontre des difficultés pour avoir des élèves avec l'absence de métro. Il y a des retards : nos élèves viennent avec des bus qui ne sont pas toujours à l'heure. J'avais choisi cet emplacement pour que cela soit facile pour les élèves de Rennes et pour me faciliter la vie à moi, j'habite en dehors de Rennes."
"Un coup dur" pour les entreprises
"Cette ligne de métro ne tient pas ses promesses." Frédérique Bernard est gérante d’une salle de sport dans ce quartier qui a été construit de toutes pièces autour de la station de métro Via Silva. La ligne B du métro était pour elle un gage de stabilité pour apporter un flux régulier de clients. Finalement, elle subit les déconvenues. "C'est un coup dur depuis le début..." D'abord 8 mois de retard pour le lancement de la ligne, puis l'arrêt suite à une panne. Un arrêt qui dure et qui dure...
"Aujourd'hui, on subit." Théo Braud est gérant d'un restaurant. Comme lui, les commerçants qui ont choisi de s'y installer constatent un vrai manque à gagner. "Les soirs, quand il y avait métro, ça dynamisait. Maintenant le soir, c'est très très calme. Hier, je n'avais que quatre personnes. Le week-end aussi… Déjà, on est dans un quartier d'affaire, mais l'absence de métro n'arrange rien."
15% de circulation supplémentaire
L'entreprise Orange avait misé sur ce terminus de métro. 3 000 salariés s'activent dans une dizaine de bâtiments du quartier Via Silva. L'arrêt du métro n'empêche pas le géant des télécoms de fonctionner, mais les employés doivent s'adapter et prendre leurs voitures beaucoup plus régulièrement que prévu. "Il y a un engorgement régulier de notre parking", constate Fabienne Chapuzet, directrice du site Orange Atalante. Une situation qui a également poussé les salariés à se tourner vers le télétravail.
"On avait calibré le nœud routier et les voiries autour du métro et autour d’une baisse d’à peu près 10% de la circulation, explique, dépité, Jean-Pierre Savignac, maire de Cesson-Sévigné. Aujourd’hui, on est à 10 ou 15% de circulation supplémentaire."
La reprise du trafic sur la ligne B ne devrait pas arriver avant le printemps, selon les dernières informations. Les salariés de Kéolis, l'entreprise qui fait rouler le métro, sont au chômage partiel au moins jusqu'au 19 mai.
(Avec Valérie Chopin)