Avec sa nouvelle technologie Cityval, Siemens Mobility devait révolutionner les trajets en métro. Mais depuis quelques mois, elle accumule les pannes et les dysfonctionnements, sans qu'on sache réellement pourquoi. Siemens Mobility, le constructeur allemand pourrait être contraint à plus d'explications que d'habitude.
C'est la troisième conférence de presse liée aux pannes de la ligne B du métro de Rennes. Preuve que la situation est grave, cette fois Nathalie Appéré, est présente avec les représentants de Keolis et de Siemens Mobility. Lors de la première panne, qui avait duré du 18 novembre au 22 décembre, la communication avait été assurée par l'élu écologiste Matthieu Theurier, le directeur général de Keolis Rennes, Ronan Kerloc’h et le directeur de la Business Unit Matériel roulant de Siemens Mobility, Stéphane Bayon de Noyer.
Suivez notre direct : Métro de Rennes : les annonces de Nathalie Appéré
Deux pannes et toujours pas de cause ?
Et à chaque conférence de presse, les causes des pannes ont été rapidement évoquées, mais jamais vraiment élucidées. Lors de la première réunion devant la presse, Ronan Kerlorc'h a évoqué le freinage d'urgence d’une rame à Cesson-Sévigné qui aurait pu provoquer un court-circuit, puis un incendie, à l’autre extrémité de la ligne B du métro. A la fin de cette conférence de presse, nous avions voulu poser des questions devant la caméra au directeur de Business Unit Matériel roulant de Siemens Mobility, Stéphane Bayon de Noyer. Il avait dans une premier temps accepté, puis s'était rétracté après un rapide échange avec une directrice de communication de Siemens Mobility France. Résultat : pas d'interview, pas d'explications.
Lors de la deuxième conférence de presse, le 15 décembre, Ronan Kerloc’h avait parlé d'une pièce située sous l’un des essieux de la rame qui aurait connu une avarie et qui aurait déclenché un freinage d’urgence automatique. Ces propos avaient été aussitôt nuancés, voire interrompus par une représentante de Siemens Mobility France. Résultat: toujours pas d'interview, ni d'explications. Stéphane Bayon de Noyer était absent ce jour-là.
Que sait-on de la technologie Cityval ?
La ligne B du métro de Rennes a été inaugurée le 20 septembre 2022. Les travaux avaient commencé en 2013 et auraient dû être livrés en septembre 2020. Deux ans de retard donc à l'allumage. Le groupe allemand Siemens avait alors reconnu "avoir sous-estimé les délais face à la complexité du système". de son nouveau Cityval. Ces rames toutes neuves de nouvelle génération, automatisées et conçues par Siemens.
La mise en service du Cityval à Rennes avait alors été une première mondiale. Depuis, elle a été installée à l'aéroport de Bangkok et est en cours de construction à l’aéroport de Francfort.
Qu'ont ces rames "nouvelle génération" de si nouveau?
Selon la Lettre du cheminot, publiée en octobre 2022, le Cityval présente deux grandes nouveautés. La première, "un nouveau système d’automatismes de dernière génération, le CBTC, qui lui permet de gérer un intervalle de 60 secondes entre les rames". "C’est mieux que pour la ligne 4 du métro parisien, dont l’automatisation par Siemens a commencé, et qui ne descend pas en dessous de 85 secondes" indiquait alors la Lettre du cheminot.
Deuxième nouveauté, le système de guidage, grâce à un rail central. Sur le Val de la ligne A de Rennes, ce sont "des galets latéraux qui glissent sur les bords latéraux de la piste", mais sur la ligne B du métro de Rennes, "le rail central de guidage est en saillie et non coulé dans le béton de la voie comme pour les déclinaisons de trambus". Ce sont en clair, des roues horizontales cruciales qui assurent la trajectoire de la rame sur le rail central. Et c'est l'utilisation de ces galets, ces roues de guidage que l'on interroge aujourd'hui. Ils avaient déjà été mis en cause pour expliquer les retards dans la mise en service de la ligne B. En mai 2022, Laurent Bouyer, président de Siemens Mobility France avait expliqué que deux problèmes techniques se posaient alors et notamment que ces galets de guidage s’usaient trop vite. Il avait ajouté que le "réveil des rames" censé être automatique quand elles quittent le dépôt n’était pas performant.
Ces retards et pannes à répétition posent la question de la fiabilité de cette nouvelle technologie développée par Siemens Mobility à Rennes, Siemens Mobility qui renvoie pour le moment aux expertises en cours mais qui pourrait être contraint à plus d'explications ce 9 janvier.