Plus que 5 semaines avant le début des vacances d’été. Ce compte à rebours inquiète certains organisateurs de colonies de vacances et des centres d’accueil de loisirs qui ne parviennent pas à recruter leurs animateurs ou directeurs. Exemple en Bretagne.
"Nous avons déjà réduit l'offre, avec des groupes plus petits et on commence même à regarder quel type de séjour on pourrait annuler." Cette décision, Franck Martin, directeur de l'association brestoise EPAL l'a prise suite à un constat : à quelques jours de la saison estivale, il manque 10% des effectifs encadrants.
Chaque été, EPAL recrute environ 600 saisonniers pour encadrer un millier d'enfants en colonies ainsi que 3 000 adultes en situation de handicap. "Jusqu'à présent, en Bretagne, nous étions à l'abris de ce problème de recrutement. Des étudiants se projetaient sur des métiers médico-sociaux et nous rejoignaient pour avoir de l'expérience (…) Et là, en sortie de crise, ce secteur n'attire plus", constate Franck Martin.
Une situation inédite
Une pénurie qui se retrouve aussi au sein des centres d'accueil de loisirs. "On n'avait jamais connu ça, être autant en difficulté à l'approche de l'été…", confirme Jean-Daniel Lemercier, directeur de Familles rurales Ille-et-Vilaine, dans le métier depuis dix ans.
En 2021, les 16 accueils de loisirs de l'association ont accueilli 1 968 enfants. Pour les encadrer à nouveau cet été, 80 à 100 animateurs volontaires étaient recherchés.
Il a fallu relancer à plusieurs reprises. Ça n'a pas été simple. D'habitude, on refusait des candidatures dès le mois de mars. Aujourd'hui, à un mois de l'été, il y a peut-être encore quelques équipes à constituer…
Jean-Daniel LemercierDirecteur de Familles rurales Ille-et-Vilaine
Et les animateurs ne sont pas les seuls profils à se raréfier : deux postes de directeur, en CDI, dans des centres d'accueil de loisirs d'Ille-et-Vilaine, sont à pourvoir depuis plus d'un mois. "On va devoir gérer tant bien que mal."
Plusieurs explications à cette pénurie
Pour devenir animateur, il est nécessaire de passer une formation BAFA (brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur). Cela a un coût : environ 900 euros, à la charge du volontaire. Des aides existent, le gouvernement a par exemple annoncé une aide exceptionnelle de 200 euros, pour l'année 2022.
Mais le montant de l'investissement reste élevé au vue de la rémunération, principal problème, selon les professionnels du secteur. Les animateurs signent un "contrat d'engagement éducatif" pour lequel la rémunération est à la journée, qu'importe le nombre d'heures travaillées.
"Les jeunes cherchent un travail plus rémunérateur aujourd'hui", constate Myriam Blanc, déléguée régionale à UFCV Bretagne. Pour cet organisateur de colonies et centre de formation, la pandémie explique aussi cette pénurie d'animateurs.
Aux printemps 2020 et 2021, les sessions de formations étaient interdites à cause de la crise sanitaire. Ensuite, il y a eu des effectifs réduits. Par conséquent, il y a eu un décalage des formations dans le temps.
Myriam BlancDéléguée régionale à UFCV Bretagne
Face à une crise qui touche l'ensemble du secteur, un groupe de travail a été créé entre plusieurs organismes (Caisse d'allocations familiales, département d'Ille-et-Vilaine, région Bretagne…). Une première réunion est prévue à la fin du mois de juin. Objectif : trouver des solutions à moyens termes.