Permis de conduire à 17 ans : "Au niveau de la maturité, certains seront capables, d’autres non"

Passer son permis à l'âge de 17 ans, ce sera possible à partir du 1er janvier 2024. Si certains sont convaincus par cette évolution, d'autres se questionnent sur les contraintes liées à ce nouveau mode de passage de l'examen du permis de conduire.

"Franchement, le passer à 17 ans, je pense que c'est possible. À cet âge-là, ça fait déjà deux ans qu'on est au lycée, on est assez matures", estime Amaya. Un décret du 20 décembre 2023 autorise en effet à passer l'examen du permis de conduire dès l'âge de 17 ans. Auparavant, il était possible de passer son permis à l'âge de 17 ans en conduite accompagnée mais il fallait alors attendre d'avoir 18 ans pour rouler en toute autonomie.

Des jeunes de 17 ans assez matures ?

Amaya est en cours d'apprentissage du permis de conduire et s'apprête à prendre le volant pour une nouvelle leçon encadrée par Christophe Lechartre. Le moniteur d'auto-école se montre lui plus nuancé sur la question : "Au niveau de la maturité, certains seront capables, d’autres non, ce sera à nous de faire la différence. Et les filles sont plus matures que les garçons."

Il nous faudrait beaucoup plus d’inspecteurs. 

Christophe Lechartre

Moniteur d'auto-école

Le professionnel de la conduite pointe un autre écueil du nouveau dispositif : "On a de gros problèmes de délais d’attente. On est sur huit à neuf mois d’attente sur une nouvelle tentative après un échec, ou quatre à cinq mois sur une première tentative. Donc si beaucoup d’élèves viennent à 17 ans, on ne pourra pas les former."

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"Si ne serait-ce que 10% des 17-18 ans passent l'examen pratique du permis, ça fera 85 000 jeunes à former en plus", prévoit déjà Bruno Garancher, président de l'Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (UNIDEC). Selon l'organisation, il faut 35 heures de pratique pour former un jeune à l'examen du permis de conduire, avec des candidats âgés de 23 ans en moyenne.

Oui, pour le permis à 17 ans, mais à condition d’avoir des dispositifs pour limiter les risques.

Bruno Garancher

Président de l'Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite

Des accidents de la route mortels pour les 17-24 ans

Les accidents de la route restent la première cause de mortalité pour les 18-24 ans. Une dynamique qui ne devrait pas s'améliorer selon Bruno Garancher : "Il n'y a pas d’étude d’impact, comment on mesure les résultats de demain, et pourquoi on n’invente pas un accompagnement spécifique ?"

Autre facteur d'incertitude, la prise en charge du coût financier du permis de conduire. Cette dépense représente 1,9 milliard d'euros par an, d'après Bruno Garancher. Mais le public visé par le nouveau dispositif pourrait bien ne pas en bénéficier : "Le but est de favoriser les mobilités dans les zones moins bien desservies à des jeunes en cours de formation. Les apprentis par exemple ont droit à une aide de 500 euros. Mais ces jeunes ne peuvent pas mettre le 501e euro pour payer le reste."

Enfin, une ombre plane sur l'avenir de la conduite accompagnée. Ce mode de formation pourrait décourager des jeunes qui auront dès le 1^er janvier 2024 la possibilité de passer leur permis dès l'âge de 17 ans.

Lauryane Arzel avec Gilles Raoult.