Ils étaient 743 au départ du tournoi de Poker de Rennes. Un marathon de check, call et all-in, ce dernier week-end de janvier, pour rafler l’un des 13 tickets pour la grande finale à Paris et espérer empocher un million d’euros. Témoignages.
Ils s'observent du coin de l'oeil car chaque mimique peut être interprétée. 743 mordus de poker sont dispersés dans la grande halle de La Glaz Arena à Cesson-Sévigné, près de Rennes. C'est elle qui accueille ce week-end le plus grand tournoi de Poker de la saison 2022-2023. Winamax, le site de pari en ligne, est l'organisateur de cette étape du Poker Tour qui permet de gagner sa place pour la grande finale parisienne en mars prochain.
Ce dimanche 29 janvier, les visages sont fatigués. La fin du tournoi approche. Le compteur indique 41, le nombre de joueurs encore en lice. Il trône au-dessus des tables des joueurs et ajoute à la pression de ces amoureux du poker en ligne, pas toujours habitués à jouer en réel.
“C’est mon premier tournoi en réel, hier soir j’étais deuxième”
Lors d’une pause pour permettre aux joueurs de se restaurer, Jean-Hugues esquisse un sourire. Le jeune homme de 25 ans est venu d'Orléans pour tenter sa chance. “Hier soir, j’étais dans un rush très positif, j’ai fini la session deuxième du tournoi. Aujourd’hui, c’est plus dur, je suis à deux blinds de me faire sortir”. Avec sa doudoune bleue sur les épaules et le soutien de sa compagne, ce futur professeur d’EPS se prépare à un final agressif. “Un gros coup m’a assommé, mais je sais comment remonter, je vais tout donner.”
Pour son premier tournoi en réel, le jeune homme arrive à garder son calme : “C’est tellement plus dur de jouer avec des vrais joueurs autour de nous, de devoir compter les mises en direct. Sur internet, le logiciel fait cela pour nous. Là, il faut vraiment être concentré, mais j’adore.”
“J’ai bien préservé mon stack”
Il reste maintenant moins de 40 joueurs encore en compétition. Le tournoi majeur va offrir 13 tickets pour avoir le droit de participer à la grande finale parisienne. Pour ceux qui se sont fait éliminer, l’organisateur a prévu deux mini-tournois de consolation avec à chaque fois, un ticket pour la grande finale.
Coiffé d’un casque de Viking, Sébastien est en finale d’un des deux tournois de consolation. “Nous ne sommes plus que 10 sur la dernière table. Question stack, je l’ai bien préservé. Je ne vais pas me faire manger par les blinds”. Il faut avoir le jargon. Traduction : Sébastien a encore un bon nombre de jetons et n’a pas la pression de voir les mises s’envoler.
Il faut dire que ce responsable en restauration a la main heureuse. “Dès ma première main, j’ai touché un brelan au flop. Quatre gars sont partis à tapis, et j’ai tout remporté”.
Ce Breton, membre d’un club, joue à domicile. “Je suis membre de Poker Rennes, c’est tellement agréable de voir une telle organisation chez nous. Il y a de belles tables, des croupiers, franchement on se régale.”
“Les piques ne sont pas sortis, c’est moi qui suis sorti.”
Les joueurs qui se sont fait sortir lors de la première ou de la deuxième journée sont encore présents pour vivre l’évènement. Des rires se font entendre. “Toi aussi tu t’es fait sortir par le gars en noir ! Il joue super bien !” Fabrice et Son se sont rencontrés lors du tournoi. Le premier vient de Melesse, le second de Seine-et-Marne. Les deux quadras se refont leur tournoi. “Tu étais bien au début, mais en deux coups, tu as sauté”, plaisante le breton.
Le parisien, Son, rigole. “C’est vrai, j’ai tout misé sur un coup. Je voulais que les piques sortent. Moralité, c’est moi qui suis sorti.”
Pour Fabrice, l’important ce n’est pas que les cartes, c’est de réussir à bien prendre la mesure de son adversaire. “Gagner au poker, ça se joue à rien. En deux mains, vous pouvez vous faire dégager. Faut réussir à attaquer au bon moment”. Cet artisan est un vrai passionné. “Tous les soirs, je joue deux à trois heures en ligne. Être ici, c’est fabuleux et ça permet d’être vraiment dans sa passion.”
Un tournoi gratuit, mais il faut le mériter
Pas d’argent en jeu pour ce grand tournoi. C’est la loi. Jouer de l’argent au poker, cela ne se fait que dans certains lieux comme les casinos ou certains clubs.
Pour son Poker Tour Challenge, Winamax a une recette pour motiver les joueurs. L’organisateur impose aux joueurs de gagner leur place lors de tournois en ligne pour pouvoir participer aux tournois en réel. Ensuite, il faut finir dans les meilleurs pour avoir le droit de gagner son ticket pour la grande finale parisienne et espérer empocher le jackpot d’un million d’euros.
"Le bluff en vrai, ça change tout"
“J’ai dû gagner ma place en ligne, contre 2000 joueurs, pour avoir le droit de venir”, sourit Clément. “Mon père avait déjà sa place pour le tournoi de Rennes, je voulais réussir à y participer”.
Père et fils, ces deux Normands, éliminés rapidement, n'auront pas gagné que le jeu de cartes offert par l’organisateur. “J’ai découvert l’ambiance d’un vrai tournoi, la manipulation des jetons et le bluff en vrai. Ça change tout de jouer en réel, avancer pour de vrai ses jetons c’est complètement différent que de faire un clic derrière son ordinateur.”