Accusée d' "étouffer" une affaire de harcèlement sexuel visant un enseignant, la présidence de l'université Rennes 2 réagit, justifiant avoir pris toutes les mesures nécessaires en la matière. Elle précise que l'enseignant a été sanctionné. Pas suffisamment alertent des syndicats étudiants.
Plusieurs organisations syndicales et estudiantines (Solidaires Etudiant-e-s Rennes, le Comité Féminisme de Rennes 2, CNT-FAU...) ont publié un post Facebook mardi intitulé «Soutien inconditionnel aux victimes de harcèlement.»
Ce communiqué précise que trois professeurs de Rennes 2 "accusés de harcèlement sexuels vont être remis en poste à la rentrée". Les associations et syndicats étudiants reprochent à la présidence de l'université d' "étouffer" cette affaire.
Des propos graveleux incessants
En décembre 2015, deux enseignantes rapportent au CHSCT de l'université rennaise des faits de harcèlement sexuel et moral, et des pressions psychologiques dont elles font l'objet de la part de trois de leurs confrères du même département. Sont reprochés principalement à l'un des trois enseignants, des propos graveleux incessants, des remarques très crues, des insultes sexistes et des gestes occasionnant des douleurs. Des agissements incessants, qui perduraient depuis des années selon une des plaignantes contactée. Suite à ces signalements, les deux enseignantes sont reçues par le médecin du travail puis par le président de l'université en janvier.Une procédure administrative immédiate
Ce dernier alerte le procureur de la République quant à ces accusations et engage une procédure disciplinaire administrative. Il prend parallèlement plusieurs mesures, tel un suivi psychologique, des changements de bureaux, des interdictions pour les enseignants mis en cause d'entrer en contact avec les plaignantes et une suspension de fonction en mars pour les enseignants incriminés.La présidence de Rennes 2 précise que "la section disciplinaire, instance indépendante et compétente à l’égard du corps enseignants, a instruit le dossier en recevant toutes les personnes concernées ainsi que des témoins". Plusieurs étudiant(e)s témoigneront anonymement par écrit et une étudiante sera entendue sur les faits.
Les faits reconnus par la commission disciplinaire
Dans son jugement rendu le 20 mai, la commission disciplinaire relaxe deux enseignants mais reconnaît coupable le troisième, le plus incriminé par ces faits de harcèlement sexuel. Il écope d'une sanction de niveau 4 dans une échelle qui en compte 7 : "ll ne pourra accéder à aucun avancement de grade, corps ou classe pendant deux ans", précise la présidence de l’université, rappelant que "cette sanction précède l’interdiction d'exercer et l'exclusion".Une procédure et une sanction qui pour Olivier David, président de l'université, démontrent qu'il n'y a aucune volonté d'étouffer l'affaire.
Un jugement pas à la hauteur des faits
Une des enseignantes que nous avons pu joindre par téléphone réfute également le reproche d'étouffement de la part de l'université. Elle nous précise "que sa collègue et elle même ont le sentiment d'avoir été écoutées et prises en charge par l'université. Par contre elles auraient aimé ne pas avoir à croiser dans les couloirs les collègues qu'elles avaient dénoncés. Pour elles, ils auraient dû être suspendus dès janvier".Mais, ce que cette victime n'accepte pas, c'est la légèreté de la sanction et que "la commission n'ait pas pris la mesure des faits". Elle reconnaît comme le dénonce les syndicats étudiants qu'il "n'est pas acceptable que ces enseignants se retrouvent face à des étudiants à la rentrée prochaine".
Les deux enseignantes se préparent à déposer plainte auprès du commissariat pour ces faits de harcèlement sexuel. Une possibilité qu'elles avaient envisagée plus tôt mais pas menée à bout car marquées psychologiquement par les faits et dans l'attente de l'issue de la procédure interne à l'université.
Cette polémique intervient alors que depuis plus d'un mois un dispositif de prévention du harcèlement sexuel et une campagne de sensibilisation ont été mis en place dans l'université.