Lunettes spéciales, applications smartphone, pour aider les daltoniens les nouvelles technologies offrent des solutions au quotidien. Un Breton développe un groupe d'entraide pour "les daltoniens, leurs parents et les enseignants". Rencontre avec un passionné.
Le daltonisme, une particularité invisible, “oubliée par les ophtalmos” sourit Yvon Etienne. Les solutions pour les daltoniens, c'est devenu son sujet préféré. Daltonien épanoui, ce breton de 45 ans a fondé un groupe de soutien pour partager les astuces et conseils afin de faciliter la vie des petits et grands qui comme lui confondent les couleurs.
“Enfant, j’ai souffert d’être daltonien. Le sentiment de ne pas toujours être autonome, c’est très handicapant”. Ce père de trois enfants, à Pordic près de Saint-Brieuc, s’implique pour faire connaître les complications du quotidien de ceux qui comme lui, ne peuvent différencier toutes les teintes.
Quand ils apprennent que leur enfant est daltonien, les parents sont souvent démunis. Je les rassure, il existe des solutions.
Yvon EtienneCréateur du groupe "Daltoniens astuces et conseils"
“Les parents sont souvent perdus quand ils apprennent que leur enfant ne différencie pas les couleurs. Ils cherchent des solutions au plus vite”. Pour un parent, c’est souvent long d’attendre un rendez-vous à l’hôpital, détaille Yvon. Avec son groupe Facebook, il rassure et informe.
“Pour les jeunes à l’école, c’est très dur. Ne pas distinguer les couleurs, cela complique l’apprentissage dans tellement de matières.” Les souvenirs des cartes dans les livres d’histoire-géo ou les expériences en physique chimie s'enchaînent. "Totalement impossible de comprendre une carte dans certains livres et les précipités bleus et rouges en chimie... un cauchemar".
Yvon garde un souvenir amer de certains cours et enseignants. “Être affiché comme différent en début d’année scolaire, ce n’est jamais simple pour un enfant. Mes enseignants et camarades étaient sympas. À la place de colorier des cartes en géographies, ils faisaient des points ou des carrés pour que je puisse différencier les zones”.
Être affiché comme différent à chaque rentré scolaire, c'était pénible. Mais pour l'école maintenant, il y a des outils faciles qui tiennent dans une trousse et qui permettent de lire les couleurs.
Yvon EtienneDaltonien
“Nous ne sommes plus dans les années 80. Des outils existent pour se mettre à la place des daltoniens et surtout pour leur faciliter la vie. Elles sont trop méconnues mais elles existent” affirme Yvon.
“Maintenant on peut glisser dans la trousse de son enfant, un filtre pour s’assurer de la couleur en cas de doute”. Autre outil indispensable pour aider les professeurs d’écoliers daltoniens, une application à télécharger. “Ils peuvent maintenant voir, ce qu’un daltonien voit”.
“La plupart des daltoniens sont protanopes” affirme Yvon Etienne. C'est-à-dire qu’ils ne détectent pas le rouge. Les confusions les plus connues dans les couleurs sont entre le vert et le rouge. La confusion entre le jaune et le bleu est plus rare. Et dans de très rare cas, la personne ne perçoit que du gris.
Une maman de la communauté partage un témoignage de l’enseignant de son enfant. “Nous avons enfin vu comme Baptiste. Nous avons appris beaucoup de choses”.
8% de la population est daltonienne
Ce trouble de la vision touche 8% de la population. “C’est quand même important. Dites-vous que dans un mariage, il y a souvent près de 8 personnes qui sont daltoniennes” s’amuse le leader de la communauté digitale.
S’il est si motivé, c’est que le quotidien d’Yvon a changé sur le tard. Ce couvreur pour la mairie de Saint-Brieuc a vu les couleurs avec émotion en fin d’année 2022.
“Je surfais sur internet. Une ophtalmo de Saint-Etienne m’a conseillé des lunettes conçues pour les daltoniens”. Dès le lendemain, l’homme s’est rendu chez un opticien de Saint-Brieuc devant lequel il passait chaque jour. “Enfin j’ai vu”. Sa première émotion a été le regret de ne pas avoir découvert cette marque de lunettes plus tôt.
Des lunettes qui lui changent la vie
“Je ne vois pas les couleurs comme tout le monde, mais je vois nettement mieux. Je distingue enfin le rouge et ses nuances de près ou de loin, cela me change la vie”. Selon sa famille et ses collègues, il est beaucoup plus heureux depuis.
“Il existe différentes marques comme KolorBlind ou Enchroma”. Yvon sait que ses KolorBlind ne fonctionneront pas aussi bien sur toutes les formes de daltonisme. Mais pour lui, c’est encore une réponse positive au fatalisme.
Depuis, il continue son engagement avec ses lunettes légèrement teintées. Après le groupe Facebook, direction Paris pour un témoignage sur France 5, avec pour credo : "des solutions pour faciliter la vie quotidienne des daltoniens".